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Karakalpakstan : géographie, histoire et enjeux environnementaux

À l’extrême ouest de l’Ouzbékistan, s’étend la république autonome de Karakalpakstan, territoire singulier, à la fois aride et fertile, bordé par les rivages asséchés de la mer d’Aral et traversé par les méandres de l’Amu Darya. La géographie de cette région dessine un contraste saisissant. À l’est, le désert du Kyzylkoum s’étire en plaines infinies de sables mouvants, tandis que le centre, occupé par la vallée et le delta de l’Amu Darya, offre un paysage bas et entrelacé de cours d’eau et de canaux d’irrigation. À l’ouest, le relief s’adoucit sur le plateau de l’Oustyourt, ses sommets plats culminant à près de 292 mètres, offrant un horizon ondulé qui rompt la monotonie du désert. Le climat, marqué par des hivers frais et des étés brûlants, se combine à une pluviométrie faible, limitée à trois ou quatre pouces par an, pour imposer à ses habitants un rapport exigeant à la nature.

Les Karakalpaks, peuple turcique aux origines obscures, entretiennent des liens étroits avec les Kazaks. Leur première mention historique remonte à la fin du XVIᵉ siècle. Au XVIIIᵉ siècle, ils s’établissent durablement dans la région de l’Amu Darya. Sous la tutelle russe dès 1873, leur territoire est progressivement intégré à l’Union soviétique au début du XXᵉ siècle. Créée comme oblast autonome au sein de la République socialiste soviétique autonome kazakhe en 1925, la région passe sous administration russe en 1930 avant de devenir, deux ans plus tard, une république autonome. En 1936, tout en conservant ce statut, Karakalpakstan est rattachée à la RSS d’Ouzbékistan, et devient partie intégrante de l’Ouzbékistan lors de l’indépendance du pays en 1991. Sa population, diversifiée, compte majoritairement des Karakalpaks, des Ouzbeks et des Kazaks, avec des minorités de Turkmènes et de Russes. La moitié des habitants vit en ville, principalement à Nukus, capitale, mais aussi à Khŭjayli, Beruniy, Takhiatosh, Chimbay, Tŭrtkŭl et Altykyl.

L’économie de la république repose avant tout sur l’agriculture. Le secteur industriel, modeste mais varié, comprend des usines de transformation légère, des raffineries exploitant le pétrole voisin, ainsi que des ateliers utilisant le calcaire, le gypse, l’amiante, le marbre et le quartzite locaux. La culture du coton domine les terres irriguées de l’Amu Darya et de son delta, tandis que l’alfalfa, le riz et le maïs complètent la production agricole. L’élevage, centré sur le bétail et les moutons Karakul, s’étend sur les étendues du Kyzylkoum.

Mais l’histoire récente de Karakalpakstan est aussi celle des désastres écologiques. L’agriculture soviétique intensive a provoqué la salinisation des sols, l’épuisement des eaux et la disparition des pêcheries de la mer d’Aral. Les résidus chimiques — engrais, insecticides et défoliants — ont contaminé sols et rivières, compromettant la santé de la population et réduisant la durée des saisons de culture. Le retrait de l’Aral a en outre aggravé le climat, rendant les étés plus secs et les hivers plus rigoureux.

Malgré ces défis, Karakalpakstan conserve un réseau de transport fonctionnel : une voie ferrée reliant Qŭnghirot à Chärjew au Turkménistan, des routes reliant les principales villes de la république, ainsi que des lignes aériennes vers Moscou, Tachkent et Achgabat. S’étendant sur 165 600 km², la république abrite près de 1,8 million d’habitants (estimation 2017), un peuple attaché à sa terre, à ses traditions et à la mémoire de son histoire complexe, à la croisée des déserts et des deltas.

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