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« Janine Piguet respire un esprit de Liberté » stephane Geyres

photo de laetitia Lopez

Dans un billet récent paru sur le Cercle, Janine Piguet nous propose une devise alléchante, du moins apaisante : « Que tout le monde soit occupé à réaliser son rêve et plus tolérants avec celui des autres ». Cela semble très proche de la devise libérale, « Vivre et laissez vivre », et en même temps très à la mode avec cet appel à la tolérance qui fait bien dans les salons bien-pensants un peu bobos.

Si cette devise est belle, bien sûr, parce qu’elle promeut le rêve de chacun, qu’elle respire un esprit de liberté, et qu’elle embellie l’initiative et la paix, elle se trompe sur la tolérance, posée en exigence.

C’est hélas très classique, la tolérance est une grande source de malentendus, d’ambigüités au sein des libéraux. Le raisonnement de beaucoup tient à peu près à considérer que l’exigence libérale du respect du droit d’autrui, condition du respect par autrui du droit de chacun, implique la tolérance envers la diversité d’autrui. Pour être libre d’être qui je suis, je me dois de reconnaître l’autre pour ce qu’il est, dans son infinie diversité. C’est l’idée de base, je crois, en vogue chez les libéraux de gauche.

Mais c’est une erreur de raisonnement, ou une erreur de compréhension de ce qui fonde la liberté et donc le libéralisme. Relisons le paragraphe précédent : on parle du respect, certes, mais pas du respect de l’individu dans sa globalité et sa diversité ; on parle du respect de son droit, et de celui d’autrui, par symétrie. La liberté ne repose pas sur le respect d’autrui, mais sur le respect du droit.

C’est assez logique quand on y pense : on ne peut imposer de respecter l’autre quoi qu’il advienne. Par contre, exiger au sein d’une société humaine de respecter le droit est une chose bien plus simple et en réalité bien plus puissante – puisqu’elle suffit à organiser l’ensemble de la vie en société.

Respect le droit d’autrui, c’est respecter sa propriété pleine et entière. De son corps, de ses biens, de sa maison, notamment. Un libéral accepte donc que l’autre ait le droit de faire ce qu’il veut chez lui, qu’il ait le droit d’être comme il l’entend chez lui. On peut qualifier cela d’une forme de tolérance.

Mais là s’arrête ladite tolérance obligatoire, ou même naturelle. Car ma liberté consiste aussi à avoir le droit de ne pas tolérer autrui chez moi. Ma liberté consiste aussi à discriminer en fonction de mes critères propres, tant que je reconnais à ceux que je ne veux fréquenter ce même droit envers moi.

La tolérance libérale se limite donc à reconnaître autrui, elle n’impose pas de tolérer sa personnalité.

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