
INTERVIEW DE XAVIER SPANGHERO » IL NOUS FAUT UNE PERSONNALITE FORTE-SARKOZY ME VA TRES BIEN »
L’homme qui monte à l’UMP, selon les médias, revient depuis ses bureaux toulousains sur l’actualité mouvementée de son parti. Xavier Spanghero, secrétaire départemental adjoint de l’UMP de Haute-Garonne, nous fait part de sa vision partisane alors que se jouait au même moment (Ndlr mardi 10 juin) à Paris la désignation du nouveau bureau politique d’une direction provisoire.
problèmes de personnes. Il faut qu’on les dépasse. Aujourd’hui, l’UMP31 gère la 4e ville de France et sa métropole. On a des nouveaux élus qui vont être confrontés au quotidien à des problèmes qu’ils ne connaissaient pas. Et il faut absolument que toutes les expériences gagnées sur le territoire remontent au national pour aider à créer un projet cohérent pour 2017.
La démission de Jean-François Copé a-t-elle eu des effets ricochets sur le fonctionnement du secrétariat départemental ?
Le secrétariat départemental est censé appliquer la politique du siège. Donc pour le moment, on attend d’avoir de nouvelles lignes pour les mettre en application. Mais après, au niveau départemental, on est nommé par Paris mais sur proposition du président départemental, donc par Toulouse. On est là pour faire du travail local. La démission de Copé influe beaucoup sur tous les responsables locaux parce qu’on est dans l’expectative. On attend de voir comment cela va se passer. Mais le secrétariat départemental ne s’arrête pas de tourner parce que le président démissionne. On continue à mener des actions.
Comment voyez-vous l’avenir de votre parti face à toutes ces affaires de malversations financières qui l’éclaboussent: affaire Bygmalion, garde à vue de Claude Guéant, etc. ?
Au sujet de Claude Guéant, il est ressorti libre de la garde à vue et il est présumé innocent. Au sujet de Bygmalion, il y a un problème clair mais aussi plus global, à savoir celui du financement des comptes de campagnes. Globalement, on a des comptes de campagne qui ont été dépassés et une société Bygmalion qui plutôt que de facturer à la campagne a facturé à l’UMP. La campagne de Nicolas Sarkozy avait déjà été invalidée il y a un an, parce que les vœux du président avaient été incorporés aux comptes de campagne. Ceci dit , on est dans l’arbitraire complet parce qu’au parti socialiste leur primaire, qui s’est déroulée moins d’un an avant l’élection présidentielle, et qui aurait très bien pu être assimilée aux comptes de campagne ne l’a pas été. Donc pourquoi d’un côté, les vœux du président sont dans les comptes de campagne et pourquoi de l’autre, la primaire socialiste ne rentre pas dans les frais de campagne ? On ne le sait pas et on se pose plein de questions. Du point de vue des autres partis, le Front national a été épinglé dans le cadre de la présidentielle car 700.000 euros n’ont pas été remboursés. Et les autres partis comme ceux de Jean-Luc Mélenchon et de Dupont-Aignan ont eu des problèmes aussi. Je pense que l’on a un problème global des comptes de campagne. Ils sont très compliqués. Et ils sont très durs à auditer, parce que les mouvements politiques gardent une opacité sur leurs comptes.
À l’UMP, il faut que l’on démêle tout ça. La justice va faire son travail, mais nous avons un devoir de clarté à faire pour nous d’abord, pour les adhérents et puis pour l’image que l’on véhicule. Mais je pense qu’il ne faut pas que ce problème-là soit concentré sur une seule personne comme Jean-François Copé. Cela nous incite à nous demander comment on finance aujourd’hui les campagnes électorales en France. Il faut des règles plus claires et surtout beaucoup plus précises. Ou alors on fait des campagnes à l’Américaine où tout le monde peut donner, mais les comptes de campagne sont ouverts et transparents. Je ne suis pas forcément favorable au principe américain, mais je serai favorable à un système plus clair. Je pense que dans l’optique d’une nouvelle présidentielle en 2017, il faut peut-être avoir de nouvelles réglementations sur les comptes de campagne.
Que pensez-vous de la nomination de Luc Châtel au secrétariat général de l’UMP ?
On parle ici de la direction transitoire du mouvement, le temps qu’il y ait de nouvelles élections. Je suis favorable à ce que l’on respecte à la lettre les statuts. On a déjà eu des problèmes en 2012 lors de la dernière élection interne. Ce qui fait que l’on a maintenant une haute autorité juridique à l’UMP, dirigée par Anne Levade, une juriste de très haut niveau, qui est là pour faire respecter le règlement. Je pense qu’avant de prendre des décisions à chaud, il faut la consulter et faire les choses en accord avec le règlement intérieur. Que ce soit Luc Châtel ou la triangulaire Juppé-Raffarin-Fillon, il faut que ce soit en totale conformité avec les statuts pour ne pas avoir un recours qui puisse invalider la décision.
Que pensez-vous du trio Raffarin-Juppé-Fillon ?
On n’a pas trop à se prononcer pour ou contre, car la décision est transitoire. Pour moi la véritable question n’est pas qui va gérer les affaires courantes jusqu’en octobre mais comment va-t-on organiser le Congrès d’octobre. Et surtout, quel sera le projet politique au-delà des personnalités politiques qui le représentent. Et que l’on recommence à débattre d’idées et pas simplement de combat de personnes.
Le problème est pris ici à l’envers : on parle d’abord de personnes avant le règlement. Nous devrions respecter la tradition de la droite républicaine, les slogans de nos campagnes étaient clairs : L’impunité zéro, Le parti des droits et des devoirs, etc. Déjà Bygmalion, ça a été très dur à encaisser. Alors si on fait quelque chose qui est hors statut, c’est suicidaire ! La première chose est de se soumettre au règlement et à la loi. Et si l’on n’est pas d’accord, on fait évoluer le règlement. Mais tout le monde est soumis à la loi de la même manière.
Que pensez-vous du retour plébiscité de Nicolas Sarkozy par ses fidèles à la tête de l’UMP ? Pensez-vous que ce soit la bonne personne à même de pouvoir redresser le parti ?
À titre personnel, il me rappelle d’assez bons souvenirs. C’est un candidat qui a fait une très belle campagne en 2007, avec une très belle victoire ; qui a gouverné pendant cinq ans en période de crise avec beaucoup de courage ; qui a fait campagne en 2012 seul contre tous et qui a recueilli 48,5% des votes avec une très grosse participation. Il amène beaucoup de garanties. Je vois donc son retour, si ça doit être le cas, d’un bon œil mais comme je le disais précédemment, je ne crois pas à l’homme providentiel. C’est-à- dire qu’aujourd’hui, nous sommes dans une période de crise où les gens ont envie d’un sauveur. Et ils rappellent Nicolas Sarkozy parce que sa personnalité les réconforte. Comme à gauche, ils se posent la même question : Est-ce que l’on garde Hollande en 2017 ou est-ce que l’on met Valls ?Mais pour moi, ce n’est pas la bonne question. Si Hollande échoue aujourd’hui, c’est parce qu’il est arrivé au pouvoir en 2012 sans projet cohérent pour la France avec des mesures inapplicables par rapport aux finances françaises et au droit européen. Il s’est cassé les dents et il ne peut rien faire. Nous ne devons pas faire les mêmes erreurs. Je veux bien me fédérer autour de Sarkozy, mais il faut que l’on arrête de le voir sous l’angle de la personnalité salvatrice. Il faut que l’UMP travaille à un projet avant tout. On a aujourd’hui des difficultés qu’un homme seul ne peut renverser, comme la mondialisation, le chômage, les risques géopolitiques, les problèmes de sécurité sur les territoires français et européen, etc. Il faut absolument que l’UMP aide le candidat quel qu’il soit en 2017 à construire un projet novateur. Il nous faut une personnalité forte – Sarkozy me va très bien – mais avec un projet fort aussi.
G.B.
LAMOUTARDEMEMONTEAUNEZ
C’est quand je lis ça que je n’ai pas envie de soutenir l’UMP.
XS = Extra Small
Anonyme
4.5