Guerre en Ukraine : Les pays africains s’abstiennent sauf le Gabon, le Ghana et le Kenya
14 abstentions sur 35 viennent des pays africains, avec entre autres le Congo-Brazzaville, Madagascar, le Mali, le Sénégal, le Soudan, l’Algérie, l’Éthiopie ou encore l’Afrique du Sud qui se sont abstenus. Ce qui confirme l’embarras d’une partie de continent vis-à-vis de ce conflit. Certains sont des alliés de longue date de Moscou, comme Alger, d’autres sont en train de se rapprocher des Russes, comme le Mali, en pleine transition. À sa suite, le Ghana, membre du Conseil lui aussi, a dit son soutien à « l’intégrité territoriale de l’Ukraine », comme le Gabon, troisième membre africain, qui a lui aussi a voté la résolution condamnant « l’agression » russe et appelé à un cessez-le-feu immédiat.
L’Afrique est-elle pro-russe ?
Il est difficile de mettre en avant l’Ukraine et sa situation de guerre dans une Afrique australe très favorable à la Russie, historiquement perçue comme un rempart contre la colonisation et l’apartheid, a expliqué l’ambassadrice d’Ukraine à Pretoria, qui s’emploie à imposer son pays dans le paysage. « L’Ukraine n’existe pas pour les Sud-Africains », explique Liubov Abravitova. « Ils sont reconnaissants à la Russie et oublient que quand l’URSS se mobilisait contre l’apartheid, l’Ukraine en faisait encore partie », fait-elle valoir auprès de l’AFP. Après 1991 et la dissolution de l’Union, « nous étions occupés à bâtir notre pays, notre économie. L’Afrique n’était pas notre priorité et puis les Russes y étaient déjà implantés », dit-elle. L’Ukraine comptait 16 000 étudiants africains, précise-t-elle à l’AFP. A la frontière polonaise, certains « ont été mal traités » dans de longues queues épuisantes, sans eau ni nourriture, dans le froid. Ils ont évoqué du racisme, affirmant que les Ukrainiens étaient mieux reçus qu’eux.
« Cessez-le-feu immédiat »
Au premier jour du conflit, l’Union africaine (UA) a condamné l’invasion russe en Ukraine et appelé à un « cessez-le-feu immédiat », estimant que la situation risquait de dégénérer en « un conflit planétaire ». Le président actuel de l’UA, le président sénégalais Macky Sall, et le président de la Commission de l’organisation Moussa Faki Mahamat, ont déclaré dans un communiqué conjoint qu’ils étaient « extrêmement préoccupés » par l’invasion russe. Ils ont appelé Moscou à « respecter le droit international, l’intégrité territoriale et la souveraineté nationale de l’Ukraine ». Plusieurs pays africains ont commmencé à rapatrier leurs ressortissants depuis les pays limitrophes de l’Ukraine.
Au Sahel, Vladimir Poutine « le libérateur »
Si Vladmir Poutine est isolé par l’Occident, il est loin de l’être au Sahel. Pour de nombreux pays, il incarne « le libérateur ». Depuis quelques années, la Russie grignote peu à peu le pré carré français. Jusqu’à son éviction du Mali par une junte, qui ne cache pas son admiration pour le président russe. Tout comme à Bangui, où Moscou entend prendre la place de Paris. Le sentiment anti-français au Sahel n’est pas créé par la Russie mais instrumentalisé par Moscou qui s’appuie sur le groupe paramilitaire Wagner pour étendre son influence. Le Mali et la Centrafrique ont confié une partie de leur sécurité à la société dirigée par un oligarque proche de Vladimir Poutine. « La base centrale de Wagner est en Afrique, dans le sud de la Libye, c’est là que transitent tous les avions avant d’être transférés vers la Centrafrique, vers le Mali. Nous avons vu des traces de vols, quatre par semaine, à partir de début janvier, vers la Syrie et ensuite vers l’Ukraine », assure Alexandra Jousset, autrice-réalisatrice du documentaire Wagner, l’armée secrète de Poutine.