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Gabon : maigre bilan pour Ali Bongo Ondimba

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Ali Bongo Ondimba est arrivé au pouvoir en 2009, succédant ainsi à son père décédé en juin de la même année, l’ancien président Omar Bongo. Candidat du Parti Démocratique Gabonais, son élection le 30 août a été vivement critiquée par ses opposants. Elu avec 41,73% des voix lors du premier et unique tour face à Pierre Mamboundou (25,64% des suffrages) et André Mba Obame (25,33% des votes), il est souvent accusé d’avoir pris le pouvoir par un coup d’état électoral. Ses adversaires contestent cette proclamation et ont émis des doutes quant aux résultats dévoilés. Pourtant, ces derniers seront finalement validés et Ali Bongo Ondimba entamera son investiture le 16 octobre de la même année. La fin de son septennat s’achevant en 2016, l’heure est au bilan.

 

Son programme

Dans son projet présidentiel intitulé « L’avenir en confiance », Ali Bongo présente le « Gabon émergent » qui se décline en trois axes économiques. Le premier, le « Gabon Industriel » vise à promouvoir la valorisation locale des matières premières et l’exportation de produits à haute valeur ajoutée. L’enjeu majeur est ici d’assurer durablement l’exploitation des ressources naturelles (pétrole, gaz, minerai de fer, or, manganèse,…). L’interdiction d’exporter des grumes entrée en vigueur en 2010 est un exemple phare des mesures prises dans le cadre du Gabon Industriel. L’objectif est de pouvoir mettre en place un processus de transformation locale, créateur d’emplois. Le second pilier du programme est le « Gabon Vert ». Il s’appuie sur les valeurs écologiques afin de préserver l’environnement, de protéger la biodiversité et de lutter contre le réchauffement climatique. Des secteurs comme l’écotourisme et l’agriculture sont également soutenus, le but étant de parvenir à l’autosuffisance alimentaire. Enfin, le « Gabon des services » s’attaque quant à lui à la formation des Gabonais afin de valoriser les ressources humaines du pays. Dans ce volet, on trouve aussi la prise en charge des frais de santé, l’accès à des structures de soins adaptées ou encore le développement des infrastructures (télécommunication, routes, transports, logement,…). D’un point de vue social, le président annonce en 2014 un budget de 250 milliards de francs CFA sur 3 ans afin de mettre en place des mesures visant à faire sortir les 30% de Gabonais en situation précaire.

Un bilan maigre et une population en colère

A un an de la fin de sa présidence, force est de constater qu’Ali Bongo n’est pas vraiment le politicien le plus apprécié par son peuple. Si l’on en croit Mondafrique, les 5 000 logements promis n’ont pas encore été attribués alors que les inondations ne cessent de faire des ravages dans les quartiers de Libreville. Pourtant, des milliards de francs CFA auraient été accordés à l’Agence Nationale de Grands Travaux (ANGT). Personne n’en voit pour le moment la couleur. D’après l’association Transparency International, le président et ses proches seraient les auteurs d’un détournement de 700 milliards de francs CFA sur la période 2011-2014. Ceci expliquerait donc pourquoi les salaires des fonctionnaires ne sont plus versés. A l’échelle nationale, de nombreuses entreprises partenaires de l’Etat ne sont plus payées non plus. Les chantiers sont arrêtés et les étudiants ne touchent plus de bourses. Les titulaires de master ne trouvent pas d’emploi. En quelques mots bien résumés par Gabon Review, « les secteurs sociaux sont en tout cas dans un état alarmant, que ce soit l’eau ou l’électricité pour lesquelles des quartiers entiers et de grands centres urbains restent dépourvus dans le pays, que ce soit la formation ou l’insertion des jeunes ». La plupart des promesses présidentielles n’ont pas été tenues et l’argent promis se fait toujours attendre.

On ne pourra toutefois pas reprocher à Ali Bongo son implication dans le domaine sportif (de gros moyens ont été concédés à des compétitions comme la Can 2012) ni son manque d’investissements dans la flotte aérienne présidentielle ou le parking automobile de la présidence de la République. Tout le monde n’a pas les mêmes priorités. En tant que chef du Gouvernement, Ali Bongo n’a pas l’air d’avoir compris les besoins du peuple. Il suffit de voir l’état désastreux dans lequel se trouve le réseau routier, notamment à Libreville et dans les grandes villes, pour se rendre compte que le volet sur le Gabon des services n’était, comme les deux autres d’ailleurs, qu’une compilation de belles promesses électorales sans aucune intention de les tenir.

Actuellement, le programme Graine est en cours de réalisation. Si en théorie il devrait permettre de créer 20 000 emplois, on peut à juste titre en douter. De toutes évidences, cela ne suffira pas à résoudre tous les problèmes auxquels doivent faire face les Gabonais. Rappelons que le taux de chômage s’élève à près de 30%. L’avenir s’annonce difficile, certains experts jugeant que le Gabon n’a pas les moyens d’absorber tous ces chômeurs « en raison d’un sous-emploi endémique » car concrètement, très peu d’emplois ont été créés sur dix ans…

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