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Face au covid 19 où est l’industrie française ?


Face à la pandémie le pays , responsables et administrations, a réagi en ignorant l’industrie : une des premières économies du monde a laissé de côté l’essentiel de son activité de production en insistant néanmoins sur l’agriculture « pour continuer à nourrir la population ». C’est une histoire incroyable que nous vivons depuis maintenant plusieurs mois et dont on a du mal à sortir, le mal est donc profond, il n’est pas nouveau, la crise en a fait sortir les conséquences dramatiques . 
Tout d’abord l’organisation de la santé a constaté l’absence de matériel de protection pour les soignants, la disparition des fabricants nationaux et la difficulté d’obtenir rapidement des fournitures, il s’agissait des masques, mais on a vu qu’il fallait parler aussi des élastiques, des gels hydro alcooliques, et des écouvillons médicaux ! Puis les calculs des épidémiologistes conduisant à des chiffres de demandes de réanimation importants, on a fait le constat du manque de respirateurs artificiels et d’une industrie nationale confidentielle tandis que les ténors étaient ailleurs, en particulier en Allemagne. Mais ensuite c’est au tour des médicaments et de leurs principes actifs sur lesquels on s’est penché , les fournitures étant essentiellement asiatiques ! Ces observations, réalisées pas à pas par les commentateurs de la politique et non les responsables, n’a pas conduit immédiatement à une réaction des industriels, il a fallu les « secouer » et on a fini par trouver des volontaires qui promettent des chiffres mais sans engagement de délais, on ne sait donc pas quand pas plus que combien, mais en Avril , c’est-à-dire au bout de trois mois on a retrouvé le chemin de l’industrie.
Malheureusement comme on a pris des mesures rapides en début de pandémie pour ne conserver en activité que les secteurs « essentiels » , c’est-à-dire que l’on a utilisé ce concept creux, beaucoup d’usines et d’ateliers ont dû fermer en se ruant sur les formulaires de « chômage partiel » dont la Ministre du travail s’enorgueillit du succès « plus de 8 millions d’emplois sauvés » ! L’Etat déjà grand employeur va désormais avoir le monopole des salariés , faut-il vraiment s’en réjouir ? Dans l’industrie tout le monde se tient par la barbichette, si vous n’avez pas de fournisseurs, vous fermez, de même si vous n’avez pas de clients et de commandes puis de distributeurs et de logistique…Il faut donc raisonner en écosystèmes et non en offre/demande, c’est compliqué à faire marcher, c’est facile à arrêter, mais c’est très difficile à faire redémarrer ! Il fallait donc réfléchir avant de prendre des mesures « généreuses » avec un argent dont , d’ailleurs, on ne disposait que dans la mesure où l’on faisait marcher la planche à billets .
On s’aperçoit donc en Avril qu’il existe une industrie en France , que l’on vient de la faire disparaître en grande partie , que le travail avait largement commencé depuis vingt ans puisque l’activité industrielle a déjà été réduite de moitié pendant cette période et que ces disparitions d’activité ont concerné des produits essentiels pour notre santé et pour notre avenir. Si jamais le choc est perceptible pour la population, ce pourrait être salutaire , mais comme je n’en suis pas persuadé je considère qu’il va falloir se battre pour continuer à mettre le doigt sur ce qui fait mal, nous avons détruit notre industrie systématiquement depuis des années, nous la méprisons, nous l’empêchons de se développer, elle a été ignorée pendant ces premiers mois de crise , et cependant son existence et sa croissance sont vitales pour notre pays, il faut retrouver du patriotisme économique, du patriotisme industriel et cela ne va pas aller de soi . 
Un premier examen rapide nous montre que le secteur de la santé n’est pas le seul à avoir été abandonné, et que les délocalisations sont de deux ordres, complémentaires, d’abord la délocalisation de la propriété des entreprises, avec l’appel permanent aux capitaux étrangers et la dérive de l’épargne nationale vers d’autres investissements, et la délocalisation des usines et ateliers favorisée par un système de normes et règlements de plus en plus épais, incompréhensible, avec le soutien de l’administration tatillonne, soupçonneuse, procédurière…et pléthorique en mille-feuilles. Ce n’est pas l’Europe qui a inventé tout cela , ce sont nos fonctionnaires qui ont poussé l’Europe technocratique actuelle devenu un monstre dont nous nous efforçons de respecter à la lettre les règles généreusement interprétées par d’autres de nos amis. Nous sommes de bons élèves  inutilement naïfs . 
Mais dès que nous pouvons nous débarrasser d’un outil industriel, nous sommes devenus les champions , depuis la sidérurgie et l’aluminium, nous y avons été fort ces dernières années, avec Rhodia, Alcatel, Alstom, Lafarge, Mérial…et, malgré notre empreinte carbone exemplaire nous avons voulu fermer les centrales nucléaires , Fessenheim, d’abord, et toutes les autres, nous voulons tuer notre industrie nucléaire, notre industrie ferroviaire, notre industrie automobile , notre industrie navale… nous sommes disposés à tout céder, à tout vendre avec, pour certains, le sentiment profond que la décroissance est inéluctable et que nous nous devons d’en être l’exemple pour la planète , car comme cela se dit dans les écoles, le vent et le soleil sont gratuits ! Le réveil du pays doit donc être recherché sur l’ensemble de l’appareil industriel et non sur le seul secteur de la santé, nous sommes partis d’une industrie à 20% du PIB, nous sommes descendus à 11% , il nous faut remonter à 20 %, il faut donc investir à la fois dans les machines et dans les hommes et les femmes qui les conçoivent et les font tourner.
Pour cela il ne faut pas retourner à la machine étatique où les fonctionnaires proposent, choisissent et dirigent, cela , c’est l’échec assuré, nous n’avons pas besoin du soviétisme à la française dont nous possédons déjà des relents fâcheux(j’ai toujours en tête le drame national des éoliennes inutiles, chères et qui défigurent le pays et son littoral) .
Nous avons besoin d’une industrie faite par des industriels, et il faut saluer les 10% qui restent dans notre pays malgré les conditions difficiles d’exercice de ce métier dans des milieux souvent négligents et parfois hostiles . Avant de décider que nous avons , par exemple, besoin de batteries électriques, assurons-nous d’avoir des volontaires pour investir et diriger. Nous avons donné (hélas pas vendu !) notre compétence dans l’électrochimie à l’Asie depuis vingt ans, pouvons-nous la retrouver ? A quoi sert de déclarer que nous allons faire « l’Airbus » européen des batteries ? Qui est l’industriel qui met ses tripes sur la table pour dire qu’il y va ? C’est comme cela que l’industrie naît et se développe, avec des leaders charismatiques compétents qui sélectionnent et entraînent pour réaliser l’impossible.
 
Tous les succès industriels viennent de personnes qui aiment et acceptent les risques, qui « y croient » !  Notre pays doit donc à l’école jusque dans les Ministères comprendre le fonctionnement de l’activité industrielle, la respecter et l’aimer. On vient de redécouvrir la nécessité de posséder une industrie nationale, profitons -en , mais pas pour construire de nouveaux arsenaux, mais pour encourager et doper les initiatives, pour stimuler les énergies, pour reconquérir des perspectives d’avenir. On peut parler des domaines à ne pas oublier, nanotechnologies, biotechnologies, robotique, on peut appuyer sur le digital, le numérique, le jumeau numérique, l’intelligence artificielle , ce sont des réalités derrière ces mots, des hommes et des femmes qui en veulent, qui ont des idées, des volontés, des risques assumés, il faut savoir si on les soutient ou si on les abandonne comme on vient de le faire dans les dernières vingt années.  

Comments

  • Anonyme
    mai 14, 2020

    5

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