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Et si on envoyait les migrants au Liberland ?

Je suppose que vous connaissez le Liberland ? Pour reprendre l’article sur Wikiberal, la « Free Republic of Liberland » est une enclave de 7 km² (l’équivalent d’un gros arrondissement parisien) entre Serbie et Croatie sur la rive du Danube, proclamée république le 13 avril 2015. Le territoire résulte d’une querelle de frontière entre Serbie et Croatie dont ont profité les fondateurs pour en faire un nouveau pays inspiré par les Lumières et le mouvement libertarien.

C’est sans aucun doute l’un des projets les plus prometteurs et les plus concrets pour espérer rétablir la liberté sur le continent qui l’a vue naître. Je vous encourage vivement à vous y intéresser.

L’idée de cet article m’a été suggérée par un ami, et je pense que c’est une excellente question, car elle recèle de nombreux dilemmes qu’on rencontre sur la question de la liberté et de l’immigration.

Avant d’aller plus loin, posons quelques chiffres Selon le BBC le 4 mars 2016, plus d’un million de Syriens seraient venus en Europe en 2015, chiffre à prendre avec prudence mais qui donne une échelle. Par ailleurs, Paris compte environ 13 millions d’habitants, répartis inégalement sur 20 arrondissements, soit en moyenne 650 000 par arrondissement. Si on suppose qu’une partie des immigrés se sont plus ou moins bien installés, le Liberland pourrait donc bien accueillir – en pure théorie bien sûr – environ les deux tiers de la vague de la seule année 2015. Ça, ce sont les chiffres.

On pourrait donc oser voir dans le Liberland une piste facile à la question des immigrés en Europe. Pourtant, personne ne l’envisage, pas plus les médias, les politiques, les migrants que le Liberland.

Du point de vue des médias et des politiques, parler du Liberland est presque impossible, car ce serait indirectement en faire la promotion et donc celle de la liberté. Le silence est donc logique. Quant aux migrants, ils sont pour l’immense majorité ignorants de l’existence même du pays.

Restent les libéraux avertis et le Liberland – « avertis », car encore beaucoup de libéraux n’ont pas conscience du projet, ou ne font simplement pas le lien. Bref, comment se fait-il que la liberté ne viennent pas au secours de ces populations sinistrées ?

Bien sûr, Paris ne s’est pas bâtie en un jour et Liberland ne pourrait accueillir en réalité tout de suite qu’une faible portion des populations, peut-être à peine quelques milliers. Mais cela ne change rien au constat. Pourtant beaucoup de libéraux sont favorables à la libre circulation, on pourrait s’attendre à ce qu’ils poussent l’idée, à ce qu’ils fassent pression sur l’enclave pour qu’elle s’ouvre.

Car une partie de la réponse est bien là : avant d’être un pays, le Liberland est une propriété privée, et comme telle, son accès est soumis à la discrétion de ses propriétaires. Je ne les ai pas consultés, je ne sais pas quelle est leur position, mais je constate qu’ils n’ont pas fait un large appel aux immigrés.

Et ils en ont le droit. Comme Monaco ne l’a pas fait. Comme Andorre ne l’a pas fait, pas plus que San Marin, le Lichtenstein, Jersey ni même la Suisse. Tous pays pourtant réputés plus libres et libéraux.

On peut imaginer de nombreuses motivations de ces différents pays pour rester en retrait sur cette question de l’accueil des immigrés. Je ne les connais certes pas ni ne le prétends. Mais on peut néanmoins légitimement oser la conclusion suivante : si cette immigration de masse était une vraie chance pour l’Europe et pour la liberté, tout le monde se précipiterait pour ouvrir ses portes.

S.Geyres

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