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Emeutes en France : »Restaurons l’image et le rôle de la famille dans notre société. » Par Jean-Claude Beaujour, avocat

Les faits : Les violentes manifestations qui ont embrasé les quartiers suite au décès de Nahel Merzouk ont donné l’impression d’une France à feu et à sang. En effet, en une semaine plus de 12000 voitures et 2500 bâtiments ont été incendiés. Pire, 273 de ces bâtiments appartenaient à la police et 168 sont des écoles. Dans le même temps le Président de la République a annulé le sommet franco-allemand prévu de longue date et l’on pouvait voir sur les chaînes d’informations en continu, à travers la planète, une France en état de révolte au point que certaines entreprises étrangères sont même allées jusqu’à demander à leurs salariés de suspendre tout déplacement professionnel vers la France. 

Au cours de ces émeutes, la plupart de nuit, plusieurs milliers d’interpellations ont été dénombrées. Aux termes d’un premier bilan dressé par le Ministère de l’Intérieur, 60% des interpelés n’avaient pas d’antécédents judiciaires et un tiers des mineurs étaient âgés de 13 à 18 ans. Mais au-delà des seuls chiffres, la nature des actes commis met en lumière un phénomène : la détestation d’une grande partie de cette jeunesse pour les élites, la défiance à l’égard des structures sociétales et enfin des jeunes qui ne se reconnaissent plus dans le schéma familial stable mais qui se retrouvent derrière les chefs de bandes (1). 

Certains leaders politiques ont cru devoir justifier ces violences en mettant en avant la situation économique et sociale dans les quartiers ainsi que la discrimination l’égard de ces jeunes. Gardons-nous bien de suivre ces faux amis, qui en définitive condamnent une partie de la jeunesse à la spirale de la marginalité sur l’hôtel de leur projet politique parfaitement clair : renverser le système.  

Car conforter la jeunesse dans cette démarche de violence, c’est lui infliger la double peine.

La justice

La première étant celle qui consiste à laisser les plus vulnérables s’embarquer dans la carrière de repris de justice avec tout ce que cela comporte. Légitimer les exactions comme modèle de protestation à l’adolescence, c’est encrer dans l’esprit du futur adulte que la violence est son seul mode d’expression, au risque de l’encourager dans ce parcours. Dire que les violences sont acceptables, c’est par exemple conforter certaines altercations entre automobilistes qui parfois se terminent en drames, c’est encore justifier une agression physique lorsqu’un autre vous aurait regardé de manière « bizarre », c’est aussi hélas justifier la violence faite aux femmes. Dit autrement, cela revient à justifier une justice expéditive, qui n’est autre qu’une justice moyenâgeuse.

La marginalisation de la jeunesse

La seconde peine consiste finalement à laisser cette jeunesse dans la marginalité, en s’abstenant d’apporter les réponses qui s’imposent et d’aborder les sujets, certes complexes, mais qui doivent être regardés en face et traités ; c’est en d’autres termes condamner cette jeunesse à être des citoyens de seconde catégorie.

C’est pour cette raison qu’au-delà des politiques publiques indispensables, il nous semble qu’il faut cesser d’être timoré et revenir à quelques fondamentaux. Il s’agit tout d’abord, même si cela n’est pas la seule réponse mais elle est absolument nécessaire, d’inciter les familles à assumer pleinement l’autorité parentale prévue à l’article 371-1 du Code civil.

Rappelons que l’autorité parentale impose aux parents « jusqu’à la majorité ou l’émancipation de l’enfant de le protéger dans sa sécurité, sa santé et sa moralité, pour assurer son éducation et permettre son développement, dans le respect dû à sa personne ».

Faut-il préciser que les parents ont un devoir de surveillance de leurs enfants et de ce fait qu’ils doivent protéger leur santé, leur sécurité, leur moralité, contrôler leurs allées et venues ainsi que leurs relations ?

Il ne s’agit pas d’une faculté mais bien d’une obligation qui s’impose aux parents et qui ne peut être écartée au seul motif que la situation sociale ou économique serait difficile. N’en déplaise à certains, les parents ont une obligation dite de moyens renforcée et doivent faire la preuve qu’ils ont tout mis en œuvre pour répondre à leurs obligations. C’est à ce stade que tout doit être fait pour préparer et assister les parents dans l’exercice de l’autorité parentale et peut-être, à ce titre, que soient rendues obligatoires des sessions d’informations animées en mairie au moment du mariage, du Pacs ou encore par tous les organismes qui à un titre ou un autre est en rapport avec les familles. 

Il faut en second lieu travailler à restaurer l’image et le rôle de la famille dans nos sociétés où le seul mot famille a une connotation conservatrice. Oui, il est urgent de prendre conscience que chaque individu a besoin d’évoluer dans un univers déterminé qui lui enseigne les fondamentaux de la vie en société et les règles de notre organisation. Il n’y a que si ces jeunes sont « éduqués » qu’ils apprendront les règles et les valeurs qui nous permettent de nous comporter en être humain, tout simplement.   

Ainsi, ces manifestations nous donnent l’occasion de redire à quel point l’exercice de l’autorité parentale assumée est une pièce maîtresse de l’arsenal des solutions à faire valoir. 

  1. Cf : Boris Cyrulnik, « Ces enfants sont désespérés car ils ne sont pas tutorisés », in Le Point, 6 juillet 2023

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