DÉRÈGLEMENTS : Climatique, Politique et Économique
Tout est déréglé en ce bas-monde. Et d’abord le climat. L’autre jour, j’étais en Dordogne chez des amies en pleine canicule. Nous avons frôlé les 40 ° (en température ressentie, ce chiffre a été largement dépassé). Je remonte en Bourgogne et j’y trouve, comme partout en France, une baisse extraordinaire des températures : moins 15 °, soit une température moyenne de 25 °, accompagnée hier, comme partout encore en France, de violentes tempêtes : vent furieux, trombes d’eau. Bel exemple de « grand écart » climatique ! Et je passe sur nos pauvres saisons qui doivent se demander ce qui leur arrive : froid en été, chaleur en hiver, été en automne. Pendant ce temps-là, les banquises fondent, les déserts se dessèchent un peu plus, les eaux mordent sur les terres. L’économie, quant à elle, plus dominatrice que jamais, achève le dérèglement en décrétant la mort des « fruits de saison ». Ainsi peut-on désormais manger des fraises en hiver ! L’économie encore, qui se veut intensive, déverse des tonnes de pesticides sur des céréales que nous retrouverons ensuite dans nos assiettes. C’en est bien fini de l’économie au service des hommes !
Dérèglement climatique, dérèglement économique, dérèglement des mœurs ensuite. Où sont les règles sociales qui fondent le « bien-vivre » ensemble ? Nulle part. J’ai consacré un livre à ce sujet : « La Crise morale de la France et des Français » (Mimésis, 2018), lu évidemment par personne. Trop dérangeant peut-être. Nos « valeurs » se nomment aujourd’hui Argent (plus roi que jamais), Pouvoir (plus recherché que jamais également) et Notoriété (tout faire, c’est-à-dire n’importe quoi pour être vu). L’anonymat qui frappe les individus des sociétés démocratiques rend nos concitoyens malades pour qui désormais toutes les occasions sont bonnes pour se montrer (à la télé de préférence). Que de « marches blanches » pour des événements qui n’auraient fait qu’un entrefilet dans les journaux autrefois !
Dérèglement politique aussi. C’est flagrant aux Etats-Unis avec un Donald Trump dont la cervelle ne doit pas dépasser le diamètre d’un noyau de cerise. C’est flagrant en France avec un Macron qui, non content de se comporter en « roi de France », rêve (peut-être en se rasant) de devenir le « roi du monde ». Il est vrai que Jupiter est un dieu sans frontières. Macron qui participe aussi à un autre dérèglement, celui de l’idée de vacances. Les vacances, de mon temps, étaient faites pour se reposer (ce qui n’empêchait pas de travailler un peu). Jupiter, lui, perché sur son trône de Brégançon, travaille à tout va avec les autres Jupiter de la planète : coup de fil aux uns, réception des autres (le Premier ministre britannique).
Dérèglement politique, oui. Le système politique français est attentatoire à toutes les règles et valeurs de la démocratie : un président omnipotent, une opposition impotente malgré les efforts conjugués, mais rarement conjoints, de la France insoumise, des Républicains et du Rassemblement national. Un Parlement qui ne fait plus la loi depuis longtemps et dont la principale fonction est peut-être aujourd’hui de déclencher des commissions d’enquête (la dernière ayant tout de même permis, avec l’affaire Bénalla, d’ébranler (très, très légèrement) le trône présidentiel). Quant aux syndicats, l’échec de la grève à la SNCF aura montré leurs faibles capacités de mobilisation sociale. Les corps intermédiaires, détestés par Sarkozy et aujourd’hui Macron, sont bel et bien moribonds.
Bien sûr, d’autres dérèglements auraient pu être signalés dans ce papier, comme les dérèglements sportifs avec les affaires de dopage et de corruption (voir l’affaire Blatter-Platini à la FIFA), les dérèglements professionnels avec la montée des suicides au travail et des burn-out, les dérèglements du système de santé avec l’affaiblissement constant des moyens humains et techniques, hospitaliers notamment.
Mais nous en resterons là pour aujourd’hui.