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Coopération transfrontalière : la grande oubliée des politiques françaises de préservation de la biodiversité en Guyane

Alors que le Président de la République, Emmanuel Macron, vient d’arriver en Guyane pour un voyage officiel avant de se rendre au Brésil, le WWF alerte sur deux fléaux qui continuent de menacer une des biodiversités parmi les plus riches du territoire français : l’orpaillage illégal et la pêche illégale. Afin de mettre un terme à ces menaces, le seul véritable levier à actionner reste celui d’une coopération transfrontalière effective.

L’orpaillage illégal, de fausses solutions aux vrais leviers

– 41%

La déforestation liée à l’orpaillage génère un impact significatif sur la biodiversité : baisse de la biodiversité aquatique (-25% des espèces de poissons) et très forte baisse de la biodiversité terrestre (-41% des espèces). 

Un constat perdure : près de sept ans après la dernière visite présidentielle, trois ans après une commission d’enquête parlementaire dédiée et malgré le dévouement sans faille des personnels impliqués dans la préservation de la forêt amazonienne guyanaise, l’estimation de 400 sites miniers illégaux, réclamée depuis 5 ans et enfin rendue publique le mois dernier par la préfecture, ne traduit aucune amélioration significative. 

Cette menace continue de peser sur les populations (dégradation de leur territoire, contamination au mercure via la contamination du fleuve) mais aussi sur la biodiversité. Une étude portant spécifiquement sur la région du Maroni, là où l’orpaillage illégal est le plus virulent, montre qu’une déforestation, même considérée comme faible génère un impact significatif sur la biodiversité même à plusieurs dizaines de kilomètres de distance : baisse de la biodiversité aquatique (-25% des espèces de poissons), très forte baisse de la biodiversité terrestre (-41% des espèces). 

Afin d’enrayer ce problème, la solution visant à faire de l’installation d’exploitants légaux un moyen de lutte contre l’orpaillage illégal refait surface. Le WWF France publie ce jour une note (à télécharger ici ou en bas de page) analysant les données tout récemment rendues publiques pour mettre la lumière sur cette fausse solution. En effet, cette approche se confronte à des limites factuelles :

  • La seule présence d’opérateurs miniers n’a jamais démontré d’effet repoussoir sur les chantiers clandestins alentour. Entre 2013 et 2022, 50% des mines officielles se situent en moyenne à moins de 4km d’un site illégal. 
  • Le postulat qu’une exploitation légale sera à même « d’épuiser le gisement » d’un site, ce qui lui ferait perdre toute attractivité aux yeux des clandestins, est invalidé par le phénomène  de “repasse” (exploitation illégale d’un gisement précédemment exploité légalement) couramment observé  

Alors que 95% des orpailleurs illégaux viennent du Brésil et 80% de l’équipement du Suriname, le levier à activer est la coopération transfrontalière avec des opérations conjointes sur le terrain doublées d’une coopération judiciaire comme l’avait souligné le président de la République lors de sa dernière visite en Guyane (2017) : « Nous devons amplifier la coopération régionale, afin de mieux lutter contre l’arrivée des hommes et du matériel quasiment tous en provenance des pays limitrophes (…) Nous devons donc conditionner nos aides et nos relations diplomatiques avec nos 2 voisins en particulier, par aussi une coopération policière et judiciaire contre l’orpaillage illégal » – engagement hélas resté quasi lettre morte sur le terrain.

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