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Comment relancer l’apprentissage en France?

Bertrand MARTINOT est ancien conseiller social à la Présidence de la République (2008-2009) et ancien délégué général à l’emploi et à la formation professionnelle (2008-2012). Il est l’auteur du rapport de l’institut Montaigne « L’apprentissage, un vaccin contre le chômage – un plan d’action pour la France tiré de la réussite allemande » paru le 12 mai 2015.

Avec une chute de 11 % en deux ans, on peut véritablement parler d’une crise de l’apprentissage. Et la mauvaise conjoncture économique n’explique pas tout, puisque notre pays avait été capable d’absorber rapidement l’impact de la récession de 2008-2009. Dans ces conditions, les rustines ne suffisent plus : on pourra multiplier à l’infini les baisses de charges, les primes de 1000 euros ou autres, mais il est surtout urgent de reconnaître que cette crise est systémique et qu’elle renvoie à l’organisation de la  formation initiale des jeunes dans son ensemble.

De ce point de vue, une comparaison avec le système allemand est éclairante et fournit quelques pistes pour sortir de cette crise par le haut. Chez notre voisin, l’apprentissage concerne une proportion de jeunes trois fois plus importante, d’où il résulte un taux de chômage des jeunes trois fois plus faible et des parcours professionnels ensuite beaucoup moins précaires. Si l’on ajoute que notre pays consacre trois fois plus de deniers publics par apprenti que l’Allemagne, on aura une vision assez édifiante de l’écart de performance entre nos deux pays.

Si l’on utilise cette comparaison pour bâtir un véritable plan d’action pour la France, on aboutit à trois recommandationsessentielles.

La première consiste à remettre l’entreprise et les branches professionnelles au centre du système en lieu et place de l’Education nationale. Cela signifie notamment rendre le contenu des diplômes et des enseignements plus proches des besoins concrets des entreprises comme des aspirations des apprentis.

La deuxième consiste à confier aux régions, en lien avec les partenaires sociaux, l’intégralité du pilotage de la formation professionnelle initiale (CFA aussi bien que lycées professionnels). Là encore, l’Education nationale, culturellement réfractaire à l’apprentissage, sortirait du jeu. Cette réforme aura aussi pour effet de mettre fin à l’absurde séparation institutionnelle et financière entre les lycées professionnels (voie scolaire) et CFA (apprentissage).

La troisième consiste à créer au sein du collège, à partir de la classe de quatrième, des filières comportant des enseignements pré-professionnalisant et axés sur l’acquisition des compétences de base en lieu et place d’un tronc commun qui a surtout pour effet de laisser 20 % d’une classe d’âge sur le bord de la route.

Certes, ces réformes subiront les foudres de certains syndicats d’enseignants. Mais compte tenu de l’importance du sujet, le jeu n’en vaut-il pas la chandelle ?

Comments

  • Anonyme
    février 8, 2020

    4.5

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