Carlos Ghosn : France 0 – Liban 1
Franco-libano-brésilien. Carlos Ghosn détient les trois passeports et il a donc un peu d’occidental en lui, mais aussi un peu d’oriental ou de latino. Pourtant, entre les trois, il a tranché et c’est au Liban qu’il s’est réfugié en tant que fugitif.
France 0 – Liban 1
Au Liban, il est pour beaucoup un héros, malgré les contestations. Il faut dire que le pays du cèdre sait avoir beaucoup de reconnaissance envers ses membres de la diaspora qui ont pu faire rayonner le pays.
C’était le cas de Carlos Ghosn. Un homme qui a remis sur pied une entreprise entière (Nissan) et qui a construit un géant automobile (Renault-Nissan-Mitsubishi).
Son visage ornait même un timbre libanais.
L’homme avait passé une partie de son adolescence sur place, et il y a gardé un attachement profond, et des investissements, pour lesquels il a toujours été réputé être d’un sérieux irréprochable. Il s’y intéressera même encore du bureau d’un de ses avocats nippons, seul endroit où il est autorisé à consulter Internet dans sa situation de liberté surveillé.
La France, il l’a rêvée de son lycée francophone de Jamhour, chez les Jésuites à Beyrouth.
Après le bac, il prend son billet pour la France et devient un pur produit des grandes écoles françaises. Il termine ses classes sur les bancs de la plus prestigieuse des écoles d’ingénieurs, Polytechnique. Cela lui ouvre la voie d’une entreprise industrielle du CAC 40, Michelin.
Et quand il est repéré par Louis Schweitzer, président de Renault, qu’il est missionné de remonter Nissan, il n’a rien d’un oriental. Il agit en apôtre rigoureux de la comptabilité et du « cost-cutting ».
Puis quand il organise deux soirées à Versailles, une privée et une professionnelle, c’est parce qu’il est attaché à ce symbole de l’Histoire de France et qu’il a intégré les traditions et cultures françaises.
S’il n’a en fait que peu connu le Brésil, parti à l’âge d’une dizaine d’années, le choix du Liban comme terre d’accueil ne s’est pas fait au hasard. Il y a des soutiens, alors qu’en France, aucune personnalité n’est monté au créneau pour le défendre. Personne ne sait, même pas lui, ne sait s’il remettra un jour les pieds en France.
Céline Lacroix