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Brexit : la véritable bataille pour la liberté commence maintenant par Pippa Malmgren

Les médias grand public européens présentent unanimement la décision prise par les électeurs Anglais de quitter l’Union européenne (UE) comme une grave erreur qui mènera nécessairement le Royaume-Uni à sa perte. La réalité est beaucoup plus contrastée que cela.

Cette décision pourrait aussi bien ouvrir une nouvelle ère de prospérité pour le Royaume-Uni que le mener à son déclin. Cela dépendra des choix politiques que feront les Britanniques en tant que nation souveraine disposant à nouveau de son droit à l’auto-détermination.

Rester dans l’Union européenne aurait signifié devoir travailler avec la commission européenne au côté des 27 autres Etats qui la composent. Une institution que le président Valery Giscard d’Estaing lui-même qualifiait d’”ingouvernable” en l’absence d’une réforme en profondeur.

Maintenant que la Grande-Bretagne a retrouvé son indépendance, le pays va pouvoir décider des grandes orientations de politiques intérieures et extérieures qu’il souhaite mener.

Par exemple, il pourrait choisir d’avoir une politique d’ouverture des frontières encore plus libérale que celle imposée par la Commission européenne jusqu’à présent. Vous pouvez parfaitement être favorable au Brexit tout en étant pro-immigration.

Vous pouvez être favorable au Brexit et aimer l’Europe, voire une Europe unifiée, mais ne pas pour autant soutenir la configuration actuelle de l’Union européenne. Vous pouvez aussi être favorable au Brexit et vouloir une Union européenne qui progresse sans se déchirer, ce qui, malheureusement, est en train de se dérouler.

Post-Brexit : Où va l’Union européenne à présent ?…

Les Britanniques semblent oublier la question qui saute aux yeux : y aura-il encore dans quelque temps quelque chose dont s’échapper ?

Les Européens sont toujours plus nombreux à voter pour un changement politique radical : pas moins de 50% des Italiens veulent sortir de l’euro, et le mouvement anti-euro “Cinq étoiles” vient de remporter 19 des 20 élections municipales qui se sont tenues en Italie.

Les Allemands, les Danois, les Autrichiens, les Polonais et les Grecs supportent tous, de plus en plus massivement, les partis et les hommes politiques eurosceptiques.

Cela ne signifie pas que l’UE va s’effondrer, mais cela indique en revanche que d’autres Etats-membres reconnaissent que les efforts pour créer une “union toujours plus forte et élargie” ne font qu’empirer les choses.

Un changement est nécessaire.

Certains analystes pensent que le Brexit va provoquer l’écroulement de l’Union européenne. Si tel est le cas, c’est qu’elle repose sur des fondations bien fragiles.

Elle est à présent vulnérable à un risque de contagion : France, Danemark, Suède, Pays-Bas, Grèce… Le départ du Royaume-Uni ne sera pas la cause de l’affaiblissement de l’Union européenne, il ne fait que révéler les problèmes qui la minaient déjà. Un jour ou l’autre quelque chose se serait produit de toute façon.

Il aurait été plus simple que les Anglais (et les autres peuples des pays membres de l’Union européenne le cas échéant) soient consultés pour réaffirmer leur adhésion à l’idée fondatrice de l’Europe lorsqu’elle est née — à savoir une Europe des nations libres et indépendantes. Malheureusement, cette option n’était pas disponible jeudi ; le seul choix possible pour les Anglais était donc de quitter l’Union européenne.

… Et quelle Union européenne veut-on ?

L’”ancienne” Europe était fondée sur les principes de subsidiarité et de proportionnalité, ce qui a permis aux Anglais ainsi qu’aux autres pays de devenir membres du club sans avoir à abandonner leur indépendance politique et leur souveraineté. Chaque nation était libre d’établir ses propres règles et systèmes juridiques, à moins qu’une médiation soit nécessaire entre pays membres de l’UE et qu’ils s’accordent tous ensemble, à l’unanimité, sur une harmonisation des règles.

La “nouvelle UE”, au contraire, est un système de contrôle centralisé qui impose sa volonté depuis le sommet, au mépris des contestations nationales, sans contre-pouvoir démocratique ni recours possible pour les pays membres s’ils souhaitent modifier la loi. Son objectif est de centraliser les décisions à Bruxelles, quitte à déposséder les Etats-membres de leur souveraineté en matière juridique et fiscale.

Rester dans l’Union européenne aurait posé des problèmes réels pour le Royaume-Uni. L’année dernière, l’UE a proposé que l’ensemble des législations en matière de droit commercial, de droit des faillites et de droit du travail soient “harmonisées”.

Vous pouvez être certain que ce n’est pas le modèle anglais qui aurait été appliqué sur le reste du continent. Le plus probable est que l’inverse se serait déroulé. Quelle ironie, lorsqu’on pense au nombre de talents qui ont décidé d’émigrer au Royaume-Uni, le seul pays en Europe dont les citoyens peuvent encore jouir de la liberté et d’une économie dynamique.

Certains observateurs se demandent pourquoi le Royaume-Uni devrait continuer à avoir comme partenaire commercial privilégié un espace économique en plein marasme et qui ne redeviendra pas une économie dynamique sous le contrôle de l’Union européenne telle qu’elle existe actuellement.

Et pourquoi le Royaume-Uni devrait-il rester dans une union politique qui, en matière d’immigration, oblige ses membres à se cloîtrer, ériger des murs et fermer leurs frontières ?

La question qui reste en suspens est : l’Europe peut-elle être réformée et dans quels domaines doit-elle l’être ?

Si le “Bremain” l’avait emporté, cela n’aurait fait que renforcer la conviction de l’Union européenne qu’elle est dans son bon droit et cela l’aurait encouragé à accélérer dans la direction d’une Europe encore plus autocratique et autoritaire.

Le camp du Brexit a voté contre l’establishment politique qui, selon lui, a échoué à respecter ses promesses. C’est la vérité : le système dirigiste actuel a échoué.

Plus de liberté

La Grande-Bretagne aura plus de liberté pour forger son propre destin en dehors de l’UE, même si beaucoup craignent la “vengeance” des autorités européennes. Le secteur des services financiers ainsi que l’économie réelle se porteront mieux avec une pression fiscale réduite et libérés du poids des réglementations européennes.

Voulons-nous vivre dans une société dirigée par le peuple et pour le peuple ou voulons-nous un système politique centralisé et capable d’imposer sa volonté sans aucun contrepouvoir ?

Voulons-nous plus de liberté, plus de pouvoir entre les mains des individus afin de permettre à chacun de prospérer, ou voulons-nous plus de pouvoir entre les mains du gouvernement pour nous asservir ?

En l’état actuel des choses, les Etats-membres de l’Union européenne n’ont pas la volonté de respecter les règles de responsabilité budgétaire que demande le traité de Maastricht, et ils ne semblent pas être prêts à faire face à la situation totalement hors de contrôle sur le front de l’endettement public.

Il est donc compréhensible que les électeurs anglais n’aient pas souhaités rester dans une union qui a produit une situation telle que celle de la Grèce aujourd’hui — un Etat en faillite.

Le système nécessite clairement un changement profond. Personne n’apprécie cette version corporatiste du capitalisme, ce capitalisme de connivence qui semble avoir pris le contrôle dans tant de pays, la Grande-Bretagne y compris.

Cela ne signifie pas que la solution soit d’accroître encore davantage les réglementations supra-étatiques. En réalité, accroitre les réglementations n’a généralement pour seul effet que de renforcer les lobbies les plus puissants qui disposent des ressources nécessaires pour manipuler le système politique à leur avantage. Plus les règles s’accumulent, plus les richesses et le pouvoir se concentrent entre les mains de l’élite.

On peut regretter que personne ne propose de restaurer le capitalisme occidental européen au bénéfice des petites entreprises qui génèrent les deux tiers des emplois créés et la quasi-totalité des innovations.

Peut-être que la véritable question n’est pas de savoir si l’on préfère choisir d’être contrôlé par les grandes entreprises multinationales ou par un Etat tentaculaire et omnipotent ; peut-être que la bonne question est de savoir comment gouverner pour faire en sorte d’encourager aussi bien les petites entreprises que la réduction de l’Etat au minimum ?

C’est cette question que tout le monde doit se poser. Les Britanniques y ont répondu — en partie. Et ce sont ces questions qui vont dominer le futur dans cette nouvelle ère post-Brexit.

Le 23 juin, les électeurs anglais ont simplement décidé qu’il valait mieux pour eux livrer cette bataille à l’extérieur de la maison Europe plutôt qu’à l’intérieur. Le 24 juin, la véritable bataille pour notre avenir a commencé.

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