Aubagne une ville endettée
Classée troisième ville de plus de 20 000 habitants au plus fort endettement par tête en 2015, Aubagne (13) affiche une dette de 3 409 € par habitant et suit Saint-Ouen dans le 93 (2ème avec 3 542 € de dette par habitant). Ni l’une ni l’autre ne détrône cependant Levallois-Perret dans le 92 qui prend la première place du podium avec une dette par habitant se chiffrant à 8 344 €.
Eponge-t-on la dette ?
La courbe de la dette de la ville d’Aubagne affichait une tendance globale à la baisse depuis 2000, et ce, pendant 10 ans. Elle passe alors d’une dette par habitant d’un peu moins de 3 200 € à un peu plus de 2 500 €. Malheureusement, depuis 2 010, la courbe repart à la hausse. On relève toutefois une croissance exponentielle entre 2012 et 2013, une tendance qui repart doucement mais sûrement à la baisse depuis. Pour l’heure, le niveau de la dette par habitant est toujours bien plus élevé qu’il ne l’était à son point le plus haut sur la période 2000-2010. En 2014, la commune des Bouches-du-Rhône détenait ainsi une dette de près de 156 millions d’euros et sa capacité de désendettement était estimée à 52 ans. En ne se basant que sur l’année 2013, on peut y voir une amélioration avec une diminution de la dette de 3,1 %.
Comment s’en sort-elle ?
Chaque année, la commune engageait un nouvel emprunt pour rembourser le précédent. Une spirale de l’endettement bien connue dont il est difficile de sortir. Ainsi, 18 contrats avec 7 banques différentes ont été signés, dont la Royal Bank of Scotland, qui détient 48% de la dette globale. Pourtant, avec le budget 2015, la ville confirme sa volonté de baisser la dette en ne contractant pas de nouvel emprunt. D’après le site de la ville, la dette aurait dû baisser de plus de 10 M€ fin 2015. Reste à savoir si les chiffres réels confirmeront ce pronostic. Mais comment rembourser cette dette astronomique ? En faisant des économies bien sûr ! La commune comptait d’ailleurs l’année dernière poursuivre les efforts menés en 2014 sur la baisse des dépenses de fonctionnement. Pourtant, pas d’augmentation d’impôts annoncés sur le budget 2015.
Payer ses dettes est-il bon pour la ville ?
Denis Grandjean, co-président du groupe « Aubagne alternative citoyenne et écologique » expliquait en parlant du budget 2015 de la ville : « En réalité, ce budget est celui de l’appauvrissement de la démocratie locale, de l’appauvrissement des Aubagnais qui devront payer plus pour avoir moins de qualité de service public, de l’appauvrissement de notre ville dont on vend le patrimoine sans en construire et en faisant si peu d’entretien, de l’appauvrissement de notre économie locale dont les entreprises ne pourront pas compter sur les investissements locaux. » On l’aura bien compris, si payer ses dettes est une bonne chose en soi, réduire le budget de fonctionnement ne serait pas bon pour la ville en elle-même. Ainsi, Mefi TV révèle que le budget alloué à l’entretien des terrains, des voies et réseau, des bâtiments et du matériel roulant a chuté de près de 40%, tout comme la formation du personnel. Le budget 2015 pour les transports collectifs (école) a lui aussi été impacté. Il a diminué d’un tiers. « La conséquence de la baisse de ces dépenses, ce sont aussi les activités périscolaires du vendredi rendues payantes, les tarifs et l’organisation de la restauration scolaire modifiés contre l’intérêt des familles, les budgets et les missions des services travaillant pour le vivre ensemble (maisons de quartier, prévention) mis à mal… ». En faisant autant d’économies, il n’est plus possible ni d’augmenter le patrimoine de la ville, ni d’entretenir celui existant, ni de soutenir l’activité économique. Une meilleure politique de remboursement de la dette devrait pouvoir être envisagée car il est bien évident que celle actuellement menée posera de sérieux problèmes dans l’avenir.