Après l’Algérie, après la Tunisie, le royaume du Maroc peut-il tomber ?
Secret de Polichinelle : le roi Mohammed VI est malade, et cela s’aggrave. La santé du roi est toujours un sujet tabou de l’autre côté de la Méditerranée. Le royaume du Maroc, si stable et exemplaire jusqu’alors, pourrait-il se renverser ?
Le Maroc est, des trois pays qui forment le Maghreb, le seul à ne pas avoir subi de bouleversement majeur en 2019. La Tunisie a tout récemment perdu son président de 92 ans et l’Algérie a vu Bouteflika, depuis 20 ans au pouvoir, démissionner après de nombreuses semaines de manifestations.
Pourtant, le Maroc est un royaume exemplaire en bien des domaines.
Religieusement, la question de l’islam y est définitivement réglée. Le roi est le gardien de la pratique de l’Islam modéré, religion d’Etat mais islam de tolérance alors qu’un ministère des Habous et Affaires islamistes, qui rassemble les institutions religieuses nationales et s’occupe notamment de la formation à la fois des imams et des prêtres, régit la liberté et la cohésion des cultes. L’exception marocaine, c’est sa véritable ouverture aux autres religions et le roi Mohammed VI le prouve encore en accueillant le Pape François en mars dernier.
Sur le terrain politique, le Maroc se démarque encore puisqu’il s’agit d’un régime monarchique où les règnes sont plutôt longs. L’accession au trône de Mohammed VI remonte à il y a tout juste 20 ans, quand son père, Hassan II, décède le 24 juillet 1999. Lui avait régné 38 ans et tenu son royaume d’une main de fer. Coups d’Etat, exil d’opposants… La répression a paru forte, mais la stabilité du régime politique en dépendait.
Son fils prend sa suite en 1999. Dès lors, c’est la trajectoire économique et sociale qui se confirme.
De constructions d’usines au nord vers Tanger aux magnifiques complexes du sud à Marrakech, en passant par la nouvelle ligne TGV Casablanca- Rabat, le dynamisme de l’économie marocaine n’est pas à prouver. A son arrivée au pouvoir, Mohammed VI lance des réformes structurelles – beaucoup d’infrastructures – et il réussit. La croissance moyenne atteint les 4,5% par an sur les deux dernières décennies. Il faut dire que le temps long dont bénéficie un roi est favorable à la mise en place et réussite des réformes. Aujourd’hui, le pays est dit au bord de l’émergence, sur la bonne voie du développement, avec des efforts à fournir sur l’éducation, notamment des filles et sur la santé.
Depuis 10 ans, il y a pourtant un domaine qui n’évolue pas. Il s’agit de la circulation de l’information qui, elle, est soumise à restriction quand il s’agit de la santé du roi. Nombre de journalistes ont déjà été condamnés pour avoir évoqué la santé défaillante de leur roi. En France, l’information de la maladie de Mohammed VI avait été révélée dans les médias par un député français, Jean Glavany. Cela avait fait scandale au Maroc et avait surtout déstabilisé le monarque.
La question à se poser est : que se passerait-il si le Maroc perdait son roi demain ?
Son fils Hassan succéderait à Mohammed VI, selon l’article 20 de la Constitution marocaine du 13 septembre 1996 et l’article 43 de l’actuelle Constitution de 2011. Moulay El Hassan est ainsi le prince héritier du Royaume du Maroc, premier en ligne de succession dans la dynastie alaouite. Il pourrait gouverner à partir de ces 18 ans, ou alors être accompagné par un Conseil de régence jusqu’à sa majorité. Aujourd’hui, le prince Hassan a tout juste 16 ans. Mais à 18 ans, n’est-ce pas trop jeune pour régner, alors que son père, diplômé de Droit et de Sciences Politiques a effectué de longues études au Maroc comme en Europe, comme lorsqu’il avait effectué un stage à la Commission de Jacques Delors à Bruxelles ?
Alors, que se passerait-il en cas d’événement majeur ? Il est bien évidemment impossible de le prévoir, mais une étude récente de la BBC News Arabic a montré que près de la moitié des Marocains souhaitaient un changement politique immédiat. La même enquête qui avait mis en avant l’Algérie et le Soudan comme pays relativement propices à un retournement politique. Retournement avéré.
Anne de choupette
Cédric Leboussi
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