Amnesty International veut retravailler son rapport accusant l’Ukraine de crimes de guerre Par Philippe Rosenthal
Après de sévères critiques sur son rapport dénonçant des crimes de guerre de l’armée ukrainienne, l’organisation de défense des droits humains, Amnesty International, veut revoir le contenu de son rapport.
L’organisation de défense des droits de l’homme Amnesty International a déclaré qu’elle souhaitait retravailler son rapport qui indique que les tactiques du régime de Kiev dans les combats dans le Donbass mettent en danger la population civile. C’est ce que rapporte l’agence de presse allemande DPA.
Après que leur rapport a eu fait l’objet de critiques au niveau international, l’ONG a déclaré que des experts indépendants d’Amnesty International seront invités à réexaminer les données précédemment fournies dans le rapport de l’organisation dans le but, de nouveau, étudier attentivement le processus de guerre de l’Ukraine.
Dans son rapport publié le 4 août sous le titre Ukraine: les tactiques de combats ukrainiennes mettent en danger la population civile , Amnesty International accuse l’Ukraine d’utiliser des écoles et d’autres établissements scolaires, des maternelles, des hôpitaux et des bâtiments d’administration civile pour se couvrir lors des hostilités, c’est-à-dire de violer les lois de la guerre: «Les tactiques de l’Ukraine ont violé le droit international humanitaire en transformant des objets civils en cibles militaires». L’organisation humanitaire affirme que «les écoles et les hôpitaux sont utilisés comme des bases militaires par les forces ukrainiennes».
La demande de revoir le rapport vient d’Amnesty International Allemagne. «Depuis la publication d’un rapport très contesté remettant en cause les tactiques militaires de l’Ukraine, l’ONG affronte une crise interne dans plusieurs antennes en Suède, en Norvège et au Canada», annonce Libération, tout en rappelant que «face au tollé international, la secrétaire générale d’Amnesty, Agnès Callamard, a immédiatement réitéré que ses équipes «maintenaient pleinement leurs conclusions». Mais, l’article du quotidien français publié le même jour que le communiqué de presse du bureau allemand d’Amnesty International, ne parle pas, justement, de cette prise de position annonçant que l’ONG veut retravailler sur son rapport accusant l’Ukraine de crimes de guerre.
Le bureau de Berlin de l’ONG veut s’excuser: «En réponse à notre communiqué de presse du 4 août 2022 sur les violations du droit international par l’armée ukrainienne, nous avons été largement critiqués tant au niveau international qu’en Allemagne». Et, elle annonce devant la colère vouloir se plier même si l’ONG affirme que «notre base est les droits de l’homme et le droit international humanitaire», «l’indépendance», «l’impartialité» et l’emploi «des normes de preuve strictes» comme principes clés qui guident l’ensemble du travail d’Amnesty [International]: «Nous pouvons comprendre la douleur, la colère et la déception de nos collègues en Ukraine, de la société civile ukrainienne, de nos membres et sympathisants en Allemagne et dans le monde dans le communiqué de presse».
Le rapport sur les crimes de guerre sur commande des injonctions des criminels de guerre? Dans son communiqué via la branche allemande, Amnesty International affirme que «nous regrettons le contexte insuffisant dans lequel les enquêtes ont été placées dans le communiqué de presse». Le bureau berlinois de l’ONG continue, en fait, en expliquant que le rapport d’Amnesty International publié sous la houlette de la Française, Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International, n’a pas été réalisé correctement et doit être réexaminé.
Il est question ne pas offusquer ceux qui soutiennent l’Ukraine [Otan, UE, Etats-Unis], et en tête le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, qui a vertement critiqué ce rapport qui, selon lui, est une «tentative d’amnistier un pays terroriste» en plaçant «la victime et l’agresseur d’une certaine manière sur un pied d’égalité». «Les résultats n’ont pas été communiqués avec la sensibilité et la précision attendues d’Amnesty»; «Un processus d’examen est maintenant lancé au niveau international, dans lequel nous, en tant que section allemande, voulons également jouer un rôle actif», fait savoir Amnesty International Allemagne, annonçant des corrections allant dans le sens de l’Ukraine et de ses alliés.
Le bureau berlinois veut trouver les erreurs: «Nous voulons comprendre exactement ce qui n’a pas fonctionné et pourquoi, afin de tirer des leçons et d’améliorer notre travail en matière de droits humains. Nous accompagnerons intensivement ce processus ainsi que la mise en œuvre des résultats de ce processus». Amnesty International Allemagne martèle: «Notre solidarité va à nos collègues d’Amnesty Ukraine, aux défenseurs des droits humains et à la population civile en Ukraine».
L’organisation, qui a reçu le prix Nobel de la paix pour son travail, fait la lumière sur les cas d’inhumanité les plus scandaleux depuis 60 ans. Elle a souvent insulté les pouvoirs en place et embarrassé les démocraties libérales qui ont violé leurs propres principes.
Cependant, un seul rapport critiquant les forces armées ukrainiennes pour avoir mis en danger la vie de civils en raison de combats dans des zones résidentielles a provoqué une vague d’indignation en Ukraine et en Occident. En même temps, personne ne se souvient qu’Amnesty International a également critiqué la Russie. En raison de ses critiques, les autorités russes ont fermé le bureau du groupe à Moscou en avril 2022.
Assistons-nous à une tentative de réécrire les faits sur les crimes de guerre ukrainiens par Amnesty International qui a pour rôle de défendre les droits fondamentaux et de dénoncer les crimes de guerre?
Philippe Rosenthal
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