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Dans le panorama de l’art contemporain français, peu de figures incarnent avec autant de force le lien organique entre l’homme, la matière et la mémoire que Alain Girelli, artiste plasticien, sculpteur contemporain, peintre et performeur français, né à Draguignan en 1948. Héritier d’une tradition artisanale et d’un regard résolument tourné vers l’avenir, Girelli est un créateur complet, dont l’œuvre puissante et inspirée traverse les frontières entre art, artisanat, nature et sacré.

Sa trajectoire débute dans les années 1970, mais ses racines plongent bien plus profondément : dans la terre ombrienne de ses ancêtres bûcherons, dans les forêts du Var, dans le silence tellurique du bois de cade — essence rare qu’il sculpte, brûle, parfume, transcende. Cette matière naturelle devient sous ses mains une entité vivante, vibrante, totémique. Qu’il s’agisse de sculptures en bois, de bronze, de béton ou de structures métalliques, ses œuvres sont autant de dialogues entre formes contemporaines et forces archaïques.

Découverte décisive : en 1974, il entre dans l’atelier de Max Ernst, à Seillans, dans le Var. Ce compagnonnage avec l’un des maîtres du surréalisme marque un tournant. C’est lui qui, récupérant une porte ancienne rongée par le temps, fournit le support d’un futur chef-d’œuvre du maître allemand. Cette anecdote fondatrice symbolise l’essence même de la démarche de Girelli : transformer l’objet brut en œuvre d’art.

Artiste engagé, Girelli se tient en marge des circuits commerciaux. Il développe une œuvre libre, spirituelle, profondément liée à la terre et aux éléments naturels. En 1973, il est repéré par Anne Gruner Schlumberger, mécène majeure de l’art du XXe siècle, qui lui commande plusieurs meubles-sculptures pour sa collection, aux côtés de Jean Dubuffet, Giacometti ou Victor Brauner. Une reconnaissance précoce et prestigieuse, qui conforte sa singularité dans le milieu artistique français.

Son œuvre prend une dimension publique dès les années 1980. Sous l’impulsion de Jean-Louis Prat, directeur de la Fondation Maeght, Girelli réalise plusieurs sculptures monumentales. Parmi elles, L’Oiseau Noir, hommage vibrant à Max Ernst, et Soleil couchant, sculpture signal installée sur l’aire d’autoroute de Jas Pellicot, sont devenues des repères visuels du paysage varois. Ce sont là des exemples majeurs de sculpture environnementale et d’art dans l’espace public.

Mais Alain Girelli ne se limite pas à la sculpture : il explore aussi la performance artistique, les rituels plastiques, le dessin, le bijou, la peinture contemporaine. Ses performances, telles que Y’a le feu au lac (2021), alertent sur les enjeux écologiques actuels, alliant art contemporain et conscience écologique.

Récompensé par de nombreux prix (médaille d’or à Tourrettes-sur-Loup, prix de sculpture à Beaulieu), il est référencé dans le Bénézit (1999), exposé à Paris, New York, Tokyo, et collectionné par des amateurs et institutions prestigieuses. En 2023, l’exposition Les Mystères de la Forêt, à Seillans, confirme la richesse de son univers poétique, mystique, tellurique.

À 77 ans, Alain Girelli reste un artiste inclassable, libre, fidèle à une vision qui réconcilie l’homme et la matière, l’art et le vivant. Son œuvre s’impose aujourd’hui comme une référence majeure de la sculpture française contemporaine, un pont entre création contemporaine et savoir-faire ancestral, entre le sacré et le quotidien.