
Mourir dans la dignité, enfin un droit ? Par Philippe Moreau
Un sujet difficile que beaucoup veulent esquiver pour se réfugier derrière une loi qu’on critique où qu’on approuve. La mort est taboue et pourtant c’est bien la seule certitude que nous avons avec une fin certaine !
J’ai participé à des conférences, débats ou chacun pouvait s’exprimer avec beaucoup de tolérance car il est difficile de savoir sa réaction à sa propre situation ou celle d’un proche. Ce moment où on doit prendre ou participer à une décision, un instant qu’il est difficile d’aborder seul.
La France s’apprête à franchir un seuil historique. Après des années de débats, de souffrances tues et de promesses reportées, une loi qui doit encadrer l’aide à mourir a été votée.
L’application de cette loi a encore beaucoup de chemin à parcourir avec des allers retours entre le Sénat et l’Assemblée nationale pour ne pas imposer une mort mais donner un choix de conscience au moment où la maladie emporte tout sauf la douleur.
Ce droit lorsque sa vie ne tient plus qu’un fil avec la certitude ou l’espoir d’un retour en arrière est vain. Ce droit que le corps médical éclairera de sa science avec lucidité pour que cela ne soit jamais un abandon mais la limite que la médecine aura atteinte. Ce droit d’accompagner avec la nécessité de développer encore plus les soins palliatifs pour toujours laisser ce choix dans la dignité.
On ne donnera pas la mort mais on l’autorisera sans jamais renier ses convictions, ses volontés en laissant toujours la personne exprimer son souhait en responsabilité, encadrée par des professionnels pour laisser ce libre arbitre dans la dignité.
À l’heure où tant de Français meurent dans le silence ou l’exil à l’étranger, il était nécessaire que notre pays légifère pour entendre la souffrance. Cette loi ne doit jamais s’imposer aux personnes, aux praticiens mais offrir à ceux qui n’ont plus d’issue, le droit de dire “assez”, sans peur, ni clandestinité.
La conclusion de cette loi ne doit pas être considérée comme un renoncement à la vie mais un dernier acte de liberté dont chacun pourra bénéficier en son âme et conscience.