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Afrique du Sud : un génocide des Blancs est-il envisageable ? Par Ilyes Zouari

« Nous n’avons pas appelé au massacre des Blancs, du moins pas pour maintenant… ». Telle est la réponse systématique, dans l’indifférence générale des dirigeants du pays, de l’opposant Julius Malemba face aux accusations récurrentes d’appel au génocide des Blancs. Pendant ce temps, ceux-ci continuent à fuir le pays, en déclin constant et qui n’a donc rien d’une puissance émergente.

Le 29 juillet dernier, dans un stade rempli de Johannesburg, et à l’invitation de Julius Malema, Président du mouvement d’extrême gauche des « Combattants pour la liberté économique » (EFF, en anglais), des dizaines de milliers de personnes en liesse répétaient après lui « Tuez le Boer, tuez le fermier », refrain d’un chant remontant à l’apartheid. Ces paroles d’une grande violence, pouvant être considérées comme un appel au meurtre de masse (le terme Boer désignant à l’origine le fermier blanc, et souvent aujourd’hui l’ensemble des Afrikaners), étaient accompagné de gestes et de sons mimant l’utilisation d’une arme à feu.

Et face aux accusations récurrentes d’appel au génocide, Julius Malema, une des principales figures politiques du pays, ne trouve rien de mieux que de répondre systématiquement que lui et son mouvement « n’ont jamais appelé au massacre des Blancs… du moins pas pour maintenant ». Un argument de « défense » pour le moins inattendu, mais déjà maintes fois répété aussi bien devant la presse locale ou étrangère, comme lors d’une interview réalisée pour la chaîne turque TRT World en 2018, ou devant la justice, comme lors de sa comparution au tribunal en février 2022.

Pourtant, et comme l’a souligné le mois dernier Elon Musk, lui-même d’origine sud-africaine, force est de constater l’absence totale de réactions de la part de la classe politique sud-africaine, en dehors du parti « majoritairement blanc » de l’Alliance pour la démocratie. Pire encore, la Haute Cour de Johannesburg a même considéré, en août 2022, que les paroles du chant « Tuez le Boer » ne constituaient guère un appel à la haine, et qu’elles n’avaient donc rien de repréhensible. Un jugement qui s’ajoute donc à l’absence de condamnation pour les propos de Julius Malema relatifs à son refus, clair et net, de s’engager à ne jamais appeler dans le futur à un génocide des Blancs ! Imaginons pareille chose en France… Comment s’étonner, dès lors, de la multiplication des assassinats ciblant les Blancs, et notamment les fermiers, dont des centaines ont déjà été massacrés, parfois de manière effroyable.

Un pays en déclin, qui n’a rien d’émergent

Pendant ce temps, l’Afrique du Sud sombre, lentement mais sûrement, dans le chaos économique et social, battant, depuis la fin de l’apartheid, des records de corruption et de détournement de fonds publics. Présenté comme émergent, ce pays « arc-en-ciel » ne cesse, en réalité, d’accroître l’écart le séparant des pays développés, au lieu de le réduire (tout comme le Nigeria, mais contrairement à des puissances réellement émergentes comme la Côte d’Ivoire ou le Maroc, où de nombreux « Occidentaux » s’installent chaque année).

Ainsi, l’Afrique du Sud n’a enregistré qu’une croissance annuelle médiocre de 0,9 % sur la décennie 2013-2022 (inférieure même à sa croissance démographique !). Et seuls 89 % des habitants y sont raccordés au réseau électrique, tout en souffrant de délestages pouvant dépasser dix heures par jour. À titre de comparaison, les Maghrébins ont a plus de 99 % accès à l’électricité, et les délestages sont inexistants en Tunisie et au Maroc (qui devrait d’ailleurs dépasser l’Afrique du Sud dès cette année en matière d’industrialisation, pour devenir le pays le mieux classé du continent). Enfin, l’Afrique du Sud, qui ne mérite donc peut-être pas sa place au sein des Brics, est l’un des pays les plus dangereux au monde, avec plus de 25 000 meurtres par an.

Conséquence de cette situation désastreuse, aggravée par d’importantes tensions raciales, le pays se vide de sa population blanche, dont quelques dizaines de milliers de membres s’exilent chaque année, en particulier en Australie et au Royaume-Uni. Selon les dernières données de l’Institut national de la statistique, le solde migratoire des Blancs du pays a été négatif d’environ 20 000 individus par année entre mi-2001 et mi-2021, ce qui est considérable pour une population qui n’atteint désormais que 4,6 millions d’individus (soit seulement 7,7 % de la population totale du pays), et qui doit en plus faire face à une natalité très déficitaire. Dans le même temps, le pays a connu un solde migratoire positif de 3,2 millions de personnes originaires d’autres pays d’Afrique subsaharienne, soit une moyenne de plus de 160 000 par année.

Et selon les derniers éléments disponibles, il semblerait que le niveau d’émigration blanche ait considérablement augmenté au cours des deux dernières années, parallèlement à la répétition des violences, des appels à la haine et des émeutes, et à l’effondrement économique du pays. Dans ce cadre, et à l’instar des pays anglo-saxons, la France s’honorerait à ouvrir ses portes à ces réfugiés, et en particulier aux quelques centaines de milliers de descendants des Huguenots qui s’étaient installés, il y a plus de trois siècles, dans ce qui était autrefois la colonie néerlandaise du Cap…

Ilyes Zouari

Président du CERMF (Centre d’étude et de réflexion sur le Monde francophone)

ww.cermf.org

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