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La fin d’une ère à Davos : Klaus Schwab se retire

Le fondateur du Forum économique mondial a annoncé, à 88 ans, son départ immédiat de la présidence de l’organisation qu’il a façonnée pendant plus d’un demi-siècle. Davos tourne ainsi une page de son histoire, marquée par l’empreinte d’un homme devenu symbole de la mondialisation.

Klaus Schwab, figure tutélaire du Forum économique mondial (WEF), a annoncé ce lundi sa démission immédiate de ses fonctions de président et de membre du conseil d’administration. Ce retrait marque la fin d’une ère pour l’organisation qu’il a fondée en 1971 et dont il fut, pendant plus de cinquante ans, l’infatigable architecte. Le Forum, connu pour sa réunion annuelle dans la station huppée de Davos, en Suisse, voit ainsi s’éloigner son visage le plus emblématique.

« Alors que je débute ma 88e année, j’ai décidé de quitter mes fonctions de président et de membre du conseil d’administration, avec effet immédiat », écrit M. Schwab dans un communiqué. Il est remplacé à titre provisoire par Peter Brabeck-Letmathe, ancien directeur général de Nestlé et vice-président actuel du conseil. La direction exécutive reste assurée par Børge Brende, ancien ministre norvégien des Affaires étrangères.

Dans sa déclaration, le conseil d’administration a tenu à saluer « les réalisations exceptionnelles » de son président fondateur, soulignant qu’il a su créer « la principale plateforme mondiale pour le dialogue et le progrès ». L’instance a réaffirmé son attachement à la mission du Forum, qui se veut un espace impartial de coopération et d’échange entre les acteurs économiques, politiques et sociétaux.

Né en 1938 à Ravensbourg, en Allemagne, Klaus Schwab, ingénieur et économiste de formation, enseigne la gestion à l’université de Genève lorsqu’il lança le Forum européen du management. Très tôt, il y convie des dirigeants américains, faisant de l’événement un lieu inédit de dialogue transatlantique. Le succès est fulgurant : Davos devient rapidement un centre névralgique de la mondialisation, où se croisent chefs d’État, grands patrons, universitaires et influenceurs du monde entier.

Sous l’impulsion de Schwab, le Forum s’est étendu bien au-delà des sommets hivernaux dans les Alpes. Il a donné naissance à une série de rencontres régionales et à des centres d’expertise traitant de sujets aussi divers que la cybersécurité, les chaînes d’approvisionnement, le climat ou encore le système financier international. Organisation à but non lucratif, le WEF se présente comme un acteur neutre au service d’un monde plus stable et plus coopératif.

Mais son influence croissante n’a pas manqué de susciter critiques et controverses. Certains lui reprochent d’offrir une tribune discrète aux grandes entreprises pour orienter les politiques publiques sans légitimité démocratique. L’expression « homme de Davos » s’est imposée dans les discours critiques pour désigner une élite mondialisée, perçue comme déconnectée des préoccupations populaires.

La figure de Klaus Schwab a, elle aussi, cristallisé des accusations virulentes. En 2020, la publication de son livre The Great Reset a alimenté les théories conspirationnistes les plus fantaisistes, certains y voyant un projet visant à remodeler l’humanité sous contrôle technocratique. Elon Musk lui-même a fustigé Schwab sur son réseau social X, l’accusant de vouloir « devenir l’empereur de la Terre ».

Le Forum n’ignore pas ces attaques. Il alerte régulièrement sur les dangers de la désinformation, qu’il considère comme l’un des périls majeurs pour les sociétés contemporaines. Une menace particulièrement pressante alors que près de trois milliards de personnes sont appelées aux urnes dans les deux années à venir, dans un monde bouleversé par les progrès fulgurants de l’intelligence artificielle.

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