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1204 : Le sac de Constantinople, le schisme achevé entre Rome et Byzance

La division entre chrétiens d’Orient et d’Occident ne date pas d’hier. Mais en 1204, l’inimitié prend un tour tragique : le sac de Constantinople par les croisés marque le point de non-retour d’un schisme religieux, culturel et politique. Retour sur un événement qui a fracturé la chrétienté à jamais.

Une séparation qui couvait depuis longtemps

Si le schisme religieux est souvent daté de 1054, avec l’échange d’ex communications entre le patriarche de Constantinople Michel Cérulaire et le légat du pape Léon IX, les tensions étaient déjà anciennes. À la racine : des différences théologiques, culturelles et politiques.

Rome affirmait la primauté du pape sur tous les patriarches, alors que Constantinople prônait un pouvoir collégial entre les grandes Églises apostoliques. À cela s’ajoutaient des différends liturgiques : usage du pain azyme, formule du Filioque (ajoutée dans le Credo latin), célibat des prêtres, langue de la liturgie…

Une blessure toujours ouverte

À l’issue du sac, les croisés instaurent un Empire latin d’Orient (1204–1261), avec un patriarche latin à la tête de Constantinople. Une double humiliation pour les Byzantins : religieuse et politique. Si la ville sera reprise par les Grecs en 1261, la rupture est désormais ancrée dans les mémoires. L’Église latine est perçue non seulement comme schismatique, mais comme ennemie de l’intérieur.

Les tentatives de réconciliation, notamment au Concile de Lyon (1274) et au Concile de Florence (1439), échoueront toutes. L’orthodoxie préfère tomber sous le joug ottoman (ce qui arrivera en 1453), plutôt que de se soumettre à Rome.

Un dialogue encore fragile, 800 ans plus tard

Il faudra attendre 1965 pour que les excommunications de 1054 soient levées réciproquement par Paul VI et le patriarche Athénagoras. Le geste est symbolique, mais la communion reste rompue. Aujourd’hui, les relations entre les deux Églises oscillent entre cordialité diplomatique et incompréhensions profondes.

Le schisme de 1204 demeure, dans l’imaginaire orthodoxe, comme une trahison fondatrice, une mémoire douloureuse où la foi fut violée par ses propres frères.

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