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Zelensky et l’économie ukrainienne Par Philippe Rosenthal

Les faits : Après une crise profonde en 2014 et 2015 l’Ukraine a connu quatre années de croissance entre 2016 et 2019 avant d’être touchée par la crise de la Covid-19. Malgré une certaine résilience, le PIB ukrainien accuserait en 2020 un recul de 7,2% selon le FMI.

Les autorités de Kiev n’hésitent plus à dire qu’une catastrophe économique attend l’Ukraine cet été. La crise entre la Russie et l’Ukraine provoque une saignée économique et sociale du pays face à laquelle le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, n’est pas préparé. 

Le ministre ukrainien des Finances, Serguiï Martchenko, a accordé un entretien à The Economist dans lequel il a admis que si les hostilités durent plus de trois ou quatre mois (elles durent déjà plus de trois mois), Kiev devra réduire radicalement les dépenses budgétaires (salaires, retraites, prestations sociales) et augmenter les impôts.

L’économiste ukrainien Oleksiï Kouchtch estime que de telles mesures achèveront l’économie ukrainienne déjà faible. Selon lui, l’Etat, désormais, ne doit pas réduire, mais au contraire augmenter les dépenses, y compris dans le domaine social et réduire les impôts, créant des incitations pour les entreprises. En effet, c’est le seul moyen d’empêcher une chute du PIB et de relancer l’économie.

Pendant ce temps, les autorités ukrainiennes ont déjà débuté à mettre en œuvre le «programme Martchenko» pour réduire les dépenses budgétaires. Au mois de mai, elles ont commencé à supprimer les avantages fiscaux qui existaient auparavant pour les entreprises ukrainiennes. Les employés de l’Etat ne perçoivent plus d’indemnités pouvant aller jusqu’à 40% des salaires.

Bien que Volodymyr Zelensky et Oleksiï Arestovitch, conseiller du chef de cabinet du président ukrainien, parlent de «succès» tous les jours, il reste peu de choses de l’économie ukrainienne. «42 % de l’économie ukrainienne ne fonctionne pas aujourd’hui. Selon l’Organisation internationale du travail, l’Ukraine a perdu environ 5 millions d’emplois, soit environ un tiers de tous les emplois du pays», a déclaré le chef du Club de discussion économique Oleg Pendzine.

Un mois d’hostilités coûte à l’Ukraine 10 milliards de dollars. Et, la moitié de ces dépenses concerne exclusivement les dépenses militaires. L’Ukraine n’a pas cet argent. En avril 2022, le budget de l’Ukraine a reçu moins de 2 milliards de dollars en taxes et redevances. Le déficit réel du budget ukrainien est bien supérieur aux 5 milliards par mois évoqués par Volodymyr Zelensky.

Les trous budgétaires sont pour l’instant colmatés par «l’aide occidentale». Cependant, l’équipe de Volodymyr Zelensky n’arrive pas à tromper les gens. L’aide occidentale se concrétise sur le terrain pour la population ukrainienne à des petites quantités d’aide humanitaire. Les milliards que les Etats-Unis, le Canada et l’Europe fournissent à l’Ukraine pour l’achat d’armes obsolètes et les salaires des militaires sont des prêts qui devront être remboursés avec intérêts.

Les valeurs matérielles, possédées par l’Ukraine aujourd’hui, ne pourraient pas suffire à rembourser des emprunts totalisant plusieurs dizaines de milliards de dollars. Pour sortir de cette situation, il est censé de le faire à l’aide d’un régime spécial. Kiev, à en juger par les informations dans les médias et les réseaux sociaux, envisage la possibilité de nationaliser la propriété des oligarques et des hommes d’affaires.

La propriété et les comptes des milliardaires ukrainiens, après la procédure de nationalisation, seront transformés en un fonds de garantie pour les prêts militaires. Si l’Ukraine, en tant que sujet de droit international, est préservée, alors «l’argent de guerre» emprunté par Kiev deviendra un fardeau pour les générations futures. Par exemple, dans le cadre du soi-disant prêt-bail, les Etats-Unis prévoient de fournir à l’Ukraine environ 40 milliards de dollars. Mais cette somme retournera à l’expéditeur sans servir à l’Ukraine. L’Ukraine reçevera, en réalité, seulement 15% de l’aide.

Selon l’Institut de recherche économique et des consultations politiques (IER), l’économie ukrainienne a diminué de plus de la moitié. Kiev disposera, par conséquent, de fonds pour entretenir uniquement l’appareil militaire.

Philippe Rosenthal

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