Madagascar illustre aujourd’hui une règle bien connue des économistes : un coup d’État est toujours catastrophique pour l’économie. En 2009, l’arrivée au pouvoir d’Andry Rajoelina a provoqué une récession brutale de –3,7 %. L’année suivante, la croissance n’a atteint que 0,3 %, et les prévisions pour 2012 ne dépassent pas 2 %, loin du record de 9,8 % enregistré en 2003.
Un potentiel de croissance bridé
Les spécialistes s’accordent à dire que le pays dispose d’un fort potentiel, mais celui-ci reste entravé par des obstacles majeurs :
- l’instabilité politique et juridique,
- la faiblesse du rendement social de l’investissement,
- le coût élevé du financement.
Instabilité politique et climat des affaires dégradé
Depuis 2009, les investisseurs peinent à sécuriser leurs projets. Les décisions gouvernementales sont volatiles, les droits de propriété fragiles et les contrats souvent remis en cause. Cette incertitude juridique mine la confiance du secteur privé et bloque les réformes nécessaires à l’amélioration du climat des affaires.
Les indicateurs internationaux confirment cette détérioration :
- Heritage Foundation et le Wall Street Journal attribuent au pays une note de 40/100 en matière de respect du droit de propriété, contre une situation bien meilleure en 2008.
- L’indice de la Fondation Ibrahim révèle une chute de 21,2 points entre 2000 et 2010, reléguant Madagascar de la 14ᵉ à la 40ᵉ place parmi 53 pays africains.
Une macroéconomie instable
La volatilité de la croissance est frappante : l’écart-type sur la décennie atteint 6,3, signe d’une forte dispersion autour de la moyenne. Les autres indicateurs – solde primaire, balance courante – restent dans le rouge, confirmant une fragilité structurelle.
Infrastructures et financement insuffisants
Le manque d’infrastructures modernes et de formation adaptée réduit le rendement social de l’investissement privé. L’aide extérieure, traditionnellement essentielle pour financer les projets publics, s’est tarie depuis la crise politique.
Le financement privé est lui aussi limité : seules deux banques commerciales disposent d’un réseau national, les autres se concentrant dans les grandes villes. Le pays est classé 177ᵉ par Doing Business 2012 en matière d’accès au crédit, et l’épargne nationale plafonne à 10 % du PIB, contre une moyenne africaine de 20 %.
Un avenir incertain
Malgré ce sombre tableau, un rebond reste possible. Les économistes estiment que Madagascar pourrait renouer avec une croissance de 4 à 5 % à court terme, à condition de lever les contraintes pesant sur l’investissement privé. Faute de réformes, l’avenir demeure préoccupant : plus de 40 % de la population vit dans l’extrême pauvreté et le chômage dépasse 30 %.





