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Europe : le temps du courage Par Michel PANET

« Unie dans la diversité » : une devise qui interpelle

L’Europe a bâti sa paix sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale. Grâce à l’alliance des forces occidentales, nous avons su contenir l’ombre soviétique et, hors l’épisode tragique de la guerre en ex-Yougoslavie, connaître près de quatre-vingts ans de calme relatif. Quatre-vingts ans qui paraissent, aujourd’hui, presque ordinaires, mais qui constituent un miracle historique.

Et pourtant, combien de nos concitoyens comprennent ce que cet héritage signifie ? Combien le célèbrent ? L’Europe, fragile et mal comprise, semble parfois lointaine. Et pourtant, au cœur des incertitudes contemporaines, le désir d’une union forte, cohérente et résolue n’a jamais été aussi pressant.

Les réussites trop souvent méconnues

Les sceptiques accusent l’Europe de technocratie et de froideur. Ils oublient que l’Union a permis :

  • la création de l’euro, instrument de souveraineté et de puissance ;
  • le programme Erasmus, forge d’une citoyenneté européenne vivante ;
  • ITER, expression d’une ambition scientifique partagée ;
  • Schengen, espace inédit de liberté ;
  • le marché unique, plus vaste du monde ;
  • et la liberté de conscience, pilier de nos démocraties.

Ce sont là des réussites concrètes, tangibles, qui devraient nourrir la fierté européenne. Elles démontrent que l’Europe n’est pas seulement un projet administratif, mais un instrument de puissance et de civilisation.

L’urgence du front commun

L’histoire enseigne que l’Europe se construit dans les crises. Et nous y sommes. Le continent est aujourd’hui à un carrefour : soit il se rassemble, renforce ses institutions et affirme sa place dans le monde ; soit il s’affaiblit, fracturé par les populismes et les forces hostiles, internes et externes.

Ne pas voir cette réalité, c’est livrer l’Europe à l’incertitude. L’oubli de l’histoire est le plus sûr chemin vers l’oubli de soi. À l’extérieur, des puissances montent en influence. À l’intérieur, des forces fragmentaires — partis, idéologies ou complicités diverses — cherchent à affaiblir ce que nous avons bâti.

Le délitement intérieur

Nos valeurs fondamentales — éducation, travail, droit, justice, nation, science — sont fragilisées par des discours culpabilisateurs et des élites autoproclamées. Trop souvent, elles sont marginalisées, tandis que certains débats détournent l’attention des enjeux stratégiques essentiels. Il est un fait historique que les sociétés qui perdent le sens de leurs priorités s’exposent à l’invasion, qu’elle soit militaire, idéologique ou économique. Les Byzantins, absorbés par leurs querelles internes, en savent quelque chose.

Regarder le danger en face

Le pire n’est jamais inévitable. Mais nier les périls, c’est les rendre probables. L’Europe doit regarder la réalité en face, reconnaître les menaces, et poursuivre son œuvre de construction. Il s’agit d’affirmer une vision, de renforcer la cohésion, de défendre ce qui a été acquis et de préparer l’avenir.

L’Europe aura-t-elle le courage de se battre pour son destin, pour ses peuples, pour sa place dans le concert des nations ? Le moment est venu de répondre à cette question, non par des paroles, mais par des actes. Le temps de l’indifférence est passé. L’Europe doit choisir : ou elle construit, ou elle disparaît.

Michel PANET

L’auteur, ancien cadre à l’international, est actuellement professeur vacataire spécialisé sur les questions européennes dans une grande école de commerce à Paris.

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