Les statistiques sur le divorce homosexuel venues d’Angleterre, des Pays-Bas ou des États-Unis sont sans appel : les couples lesbiens divorcent beaucoup plus que les couples gays. En France, aucune donnée officielle n’existe, mais la tendance internationale est trop forte pour être ignorée.
Ce paradoxe interroge. Les femmes homosexuelles rompent davantage leurs unions parce qu’elles refusent de s’installer dans une relation insatisfaisante. Elles portent des attentes plus élevées en matière de communication, d’égalité et de respect. Là où certains hommes prolongent des unions fragiles, les femmes revendiquent une cohérence affective et une dignité réelle.
Mais il ne s’agit pas seulement de psychologie intime. Les unions lesbiennes sont plus exposées aux inégalités économiques, aux responsabilités liées à la homoparentalité et à une reconnaissance institutionnelle encore fragile. Autant de pressions qui fragilisent le mariage homosexuel. Derrière ces ruptures, il y a aussi une force : celle de dire non à la résignation, oui à l’émancipation.
À cette réalité sociale s’ajoute une injustice juridique. Comme l’a rappelé Rafaële Rivais, le juge qui fixe une prestation compensatoire doit tenir compte de la durée du mariage. Or, pour les mariages gays et lesbiens, cette durée est nécessairement inférieure à dix ans, puisque le mariage pour tous n’a été ouvert qu’en 2013. Résultat : des femmes qui divorcent plus souvent se retrouvent aussi pénalisées par un cadre légal qui ne reflète pas la réalité de leur vie commune.
Ce double constat – social et juridique – est un signal fort. Les lesbiennes divorcent davantage que les gays, non par fragilité, mais par exigence. Elles revendiquent une vie affective à la hauteur de leurs valeurs. Et elles rappellent que l’égalité des droits ne suffit pas : il faut aussi une égalité des conditions, pour que toutes les unions homosexuelles puissent s’épanouir et être reconnues à leur juste mesure.






