
Vivre à la campagne : un rêve persistant ou la nostalgie d’un idéal ?
La vie à la campagne continue d’exercer, chez nombre de Français, un attrait singulier qui relève à la fois de l’imaginaire collectif et d’une aspiration bien réelle à un mode de vie plus apaisé. Ainsi, selon une enquête réalisée en 2018, 81 % des personnes interrogées affirment que s’installer en milieu rural représente, à leurs yeux, l’idéal. La qualité de vie, la proximité de la nature et le sentiment de quiétude sont les vertus le plus souvent invoquées, devant le moindre coût de la vie.
Cet engouement se révèle particulièrement marqué chez les plus jeunes : 60 % des moins de 25 ans se déclarent séduits par la perspective d’une existence rurale, contre 45 % du reste de la population. En miroir, seuls 19 % des Français manifestent une préférence affirmée pour une vie intégralement citadine, conjuguant travail et résidence en milieu urbain.
Cette représentation positive de la campagne est largement partagée par ceux qui y vivent : 5 % seulement des habitants des zones rurales envisagent de quitter leur territoire, auquel ils associent spontanément le bien-être et la qualité de vie (citée par 62 % d’entre eux). Il n’en demeure pas moins qu’au sein de l’échantillon national, la ruralité évoque également, pour près de la moitié des répondants (46 %), une réalité marquée par les difficultés économiques et sociales.
La perception d’un territoire délaissé
Si la campagne conserve, dans l’imaginaire collectif, les contours d’un refuge préservé, elle est aussi perçue comme un espace marginalisé, victime d’un désengagement des pouvoirs publics.
Qu’il s’agisse des habitants eux-mêmes ou du grand public, la « France des campagnes » est désignée comme le territoire le plus négligé, devant la « France des banlieues » et celle des petites et moyennes villes.
Ce sentiment d’abandon trouve une traduction nette dans les chiffres : 57 % des ruraux estiment ne pas bénéficier de l’action publique, contre 36 % de l’ensemble des Français. Leur pessimisme quant à l’avenir est également plus prononcé : 56 % se déclarent inquiets, soit 7 points de plus que la moyenne nationale.
Les fragilités persistantes de la ruralité
Les difficultés concrètes que rencontre le monde rural sont aujourd’hui bien identifiées. Aux yeux du grand public, le manque de services publics (70 %), la rareté des opportunités d’emploi (62 %) et l’insuffisance des infrastructures de transport (54 %) constituent les principaux freins à l’installation de nouveaux habitants.
Les attentes exprimées par les ruraux se concentrent, quant à elles, sur la lutte contre la désertification médicale (51 %), la présence durable des services publics (30 %) et le maintien d’un tissu commercial de proximité (28 %). Viennent ensuite la nécessité de favoriser l’implantation d’entreprises (26 %) et de garantir un accès de qualité à Internet (24 %).
Pourtant, au-delà des difficultés objectives, les habitants des espaces ruraux expriment un attachement profond à leur cadre de vie : 93 % se disent satisfaits de résider à la campagne. Ils aspirent à ce que leurs contraintes soient reconnues sans que leur situation ne soit réduite à une posture victimaire, comme le soulignent les auteurs de l’étude relayée par franceinfo.