UNE VISION LIBERALE DU SYSTEME DE SANTE
Comme pour d’autres sujets, lors de la dernière campagne électorale pour l’élection présidentielle, le débat sur le système de soins n’a pas eu lieu.
La raison principale, comme en économie, et pour d’autres débats sociétaux, est le fait que la gauche, l’extrême gauche et les médias ont imposé une grille de lecture des problèmes du système de soins qui interdit tout débat.
Cette grille de lecture est basée sur trois présupposés idéologiques.
– Premièrement l’accès aux soins serait menacé.
– Deuxièmement il existerait des déserts médicaux dans l’Hexagone.
– Troisièmement les dépassements d’honoraires menacent l’accès aux soins.
Je ne traiterai ici que du premier point, laissant les deux autres pour plus tard.
Qu’en est-il de l’accès aux soins en France en 2012 ?
Contre toute évidence, la gauche, l’extrême gauche et une bonne partie de l’opinion sont persuadés qu’il existe une inégalité d’accès aux soins. Le grand argument supposé soutenir cette assertion est le fait que l’espérance de vie, la mortalité et la morbidité des grandes maladies chroniques ne sont pas les mêmes dans les classes socio-économiques inférieures, par rapport aux classes socio-économiques supérieures.
C’est une contrevérité manifeste.
Les différences d’espérance de vie, de mortalité et de morbidité, en particulier pour les grandes maladies chroniques, mais aussi pour le tabagisme, l’alcoolisme, et d’autres conduites à risque ne sont en rien liées aux performances du système de soins. Elles sont liées à des différences de comportement et d’exposition aux risques, entre les différentes classes socio-économiques, que le système de soins ne peut gommer. Seule une élévation du niveau de vie par une augmentation de la richesse produite, et distribuée dans la société, permet d’améliorer le niveau de santé de ses différentes classes socio-économiques.
Cette confusion entre l’état de santé lié aux conditions socio-économiques et inégalité d’accès aux soins est en réalité un moyen pour demander toujours plus de redistribution via le système de soins .
Il n’est pas besoin ici d’ajouter que cet espoir est vain. Ce n’est pas en reprenant au plus aisés que l’on améliore les comportements et la situation du risque et de la santé des classes socio-économiques inférieures. C’est au contraire en élevant la quantité de richesse produite, et en distribuant cette richesse dans un système économique performant, que les classes socio-économiques inférieures augmentent leur espérance de vie et diminuent la prévalence des grandes maladies chroniques. C’est une leçon de l’histoire des sociétés qui a très bien été mise en évidence par les travaux de Fogel, et admirablement présentée par le suédois Rösling.
Au contraire de la propagande de la gauche et de l’extrême-gauche, force est de reconnaître que l’accès aux soins n’a jamais été aussi extensif dans l’histoire de l’humanité et dans l’histoire de notre pays. Du point de vue de la médecine générale, des institutions hospitalières, des possibilités de traitement (y compris pour les maladies rares), jamais nous n’avons disposé d’autant de moyens mis à la disposition de nos concitoyens, la plupart du temps sans débours du patient, c’est-à-dire financés par la mutualisation des ressources au travers des prélèvements obligatoires.
Ainsi l’accès au soins est aujourd’hui maximal, sans débours par le patient pour toutes les maladies graves, et même au-delà, si bien que c’est la question inverse qu’il faut se poser :
l’accès aux soins n’est-il pas excessif ? n’est-il pas la source de complications iatrogènes ? n’est-il pas en rapport avec des abus extrêmement coûteux ? enfin ne se produit-il pas une éviction des dépenses de soins indispensables aux malades graves au profit des soins de confort qui bénéficient au plus grand nombre?
La réponse à cette question est apportée par les nombreuses études sur les effets secondaires des médicaments, des procédures de soins inutiles, notamment les infections nosocomiales et les complications de l’hospitalisation. Elle l’est aussi et surtout par l’appréciation, d’une part, de l’extrême variabilité de la qualité des soins, d’autre part, de l’extrême variabilité de la consommation de certaines procédures en fonction du lieu géographique de résidence du patient.
Toutes les études qui ont comparé les pratiques médicales et les pratiques de consommation de soins à travers les territoires des nations développées ont mis en évidence une extraordinaire disparité dans la fréquence, le volume de consommation des soins et dans la fréquence de réalisation de certaines procédures bien ciblées, alors même qu’aucune différence d’incidence des maladies concernées ne permet de les expliquer.
Ainsi, un grand nombre de procédures sont inutiles, produisent des effets secondaires délétères pour le patient, et coutent très cher à la collectivité.
Ainsi, un accès aux soins non réglementé, un remboursement aveugle, une incitation à la consommation à travers la gratuité, sont des facteurs de iatrogénie dont le coût est extrêmement élevé pour le système de soins, et pour la nation.
C’est pourquoi, contrairement à ce qu’affirment la gauche, l’extrême gauche et certains médias, l’urgence n’est pas d’augmenter l’accès aux soins mais de favoriser une élévation de la qualité des soins, à la fois dans l’indication, mais aussi dans la réalisation de ces derniers. Ce qui signifie qu’il faut diminuer drastiquement la consommation de soins inutiles ou de soins consommés par pure convenance.
On peut estimer aujourd’hui que cette consommation dépasse 25 % de la consommation totale de biens et services médicaux. Pour élever la qualité des soins il faut d’abord introduire une concurrence réelle entre les offreurs de soins, les assureurs, et permettre aux citoyens de choisir leur contrat au delà du risque majeur.
D’après Guy-Andre Pelouze