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Turquie: Une guerre se prépare aux portes de l’Union européenne

À peu près la moitié des Kurdes vivent en Turquie. Selon le CIA Factbook, ils représentent 18 % des 76 millions d’habitants du pays, soit environ 15 millions. D’autres estimations varient entre 8 a 10 millions. La majorité des Kurdes vit au Kurdistan turc, dans le Sud-Est du pays.

L’estimation la plus fiable du nombre de kurdophones en Turquie est d’environ cinq millions (1980). À peu près 3 950 000 parlent le kurde septentrional (Kurmandji), selon les chiffres de 1980. Alors que la croissance démographique suggère que le nombre de locuteurs a augmenté, il est en réalité nettement inférieur aux 15 millions d’individus qui s’identifient à l’ethnie kurde, l’usage de la langue kurde ayant été découragé dans les villes turques, et de moins en moins de Kurdes vivant dans les campagnes où leur langue fut traditionnellement en usage.

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Combattante des YBS à gauche et combattante du PKK à droite, tenant un portrait d’Abdullah Öcalan, le 10 octobre 2015.

De 1915 à 1918, les Kurdes se battirent pour mettre fin au pouvoir ottoman dans la région. Ils furent encouragés par le soutien de Woodrow Wilson pour les nationalités non turques de l’empire et ils soumirent leur revendication à l’indépendance à la conférence de Paix de Paris en 1919. Le traité de Sèvres stipula la création d’un état kurde autonome en 1920 mais le traité de Lausanne, qui lui fit suite en 1923, ne fit aucune mention des Kurdes. En 1925 et 1930, des révoltes kurdes furent réprimées par la force par le gouvernement turc de l’époque.

À la suite de ces évènements, l’existence d’une ethnie distincte kurde en Turquie fut officiellement niée et toute expression par les Kurdes de leur identité ethnique fut durement réprimée. Jusqu’en 1991, l’usage de la langue kurde — bien que largement répandu — fut interdit. Des réformes inspirées par l’Union européenne eurent comme résultat que de la musique, des émissions de radio et de télévision en kurde sont maintenant permises bien que fortement limitées (par exemple les émissions de la radio ne peuvent excéder 60 minutes par jour avec un maximum de cinq heures par semaine, alors que les plages horaires de la télévision sont encore plus restreintes). De plus l’éducation en kurde est maintenant autorisée mais seulement dans des institutions privées.

En 1984, le PKK s’était engagé dans la lutte armée pour obtenir la création d’un État kurde indépendant. Les forces de sécurité turques avaient répondu par la répression et le conflit avait fait plus de 37 000 morts. S’ensuivit dans les années 1990 une politique de terre brûlée par l’armée turque dans le sud-est anatolien, qui avait contraint à l’exil plus de 2 millions de personnes. Les violences sont retombées après l’arrestation, en 1999, d’Abdullah Öcalan, leader historique du PKK, et elles ont cessé avec le processus de paix entamé en 2013 entre le PKK et l’AKP. Mais en juillet, ces pourparlers ont volé en éclats et le démon des années 1990 s’est réveillé.

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