L’ex-ministre chiraquien de l’Economie et président du groupe informatique Atos, Thierry Breton, a apporté son soutien en avril dernier, à Emmanuel Macron afin d « éviter un second tour Le Pen-Mélenchon »
« Il faut prendre ses responsabilités. On peut être de droite, et je suis de droite et je revendique d’être de droite, et appeler à soutenir fortement Emmanuel Macron », a déclaré M. Breton et ce afin d’éviter « ce drame absolu d’un second tour Marine Le Pen/Jean-Luc Mélenchon ».
A l’annonce de la victoire d’Emmanuel Macron, on évoque aujourd’hui le nom de Thierry Breton, le PDG d’Atos comme ministre du gouvernement. L’ancien ministre de l’Economie a certes 62 ans, mais il fait toujours jeune et a apporté une précieuse aide au nouveau président. Il a appris la politique auprès de l’ancien leader centriste René Monory, ce qui peut lui valoir certificat de baptême centriste. Cet homme de réseau a mené
M. Breton, n’est pas passé par l’ENA, a échoué à Polytechnique, mais il a intégré Supelec qui a « produit » un autre grand manager, Jean-Luc Lagardère. Puis il voyage, enseigne les mathématiques et l’informatique au Lycée français de New York. Il a même écrit des livres de science-fiction, dont un best-seller, « Softwar »
L’homme au visage poupin, cultive une image juvénile, avec sa tignasse à la Pierre Perret et la mèche rebelle. L’allure de ce svelte sexagénaire dynamique est à l’image de sa carrière rapidement menée.
En 1986 Thierry Breton est nommé conseiller général dans la région Poitou-Charentes et depuis 1988 il est aussi vice-président du conseil général de Poitou-Charentes (on lui doit le Futuroscope), fonction qu’il conservera jusqu’en 1992. En 2005, Thierry Breton est nommé ministre de l’Économie et des Finances par Jean-Pierre Raffarin. Il est reconduit dans ces fonctions dans le gouvernement Villepin (de 2005 à 2007). C’est lui qui a notamment imaginé et conçu le bouclier fiscal. Il dirigera sa politique sur la nécessité d’assainir les comptes publics. « La France vit au-dessus de ses moyens », déclara-t-il en 2005.
En tant que ministre, Breton mène une réforme fiscale de l’impôt sur le revenu et la loi Breton adoptée en 2005 pour la confiance et la modernisation de l’économie qui permet aux entreprises de bénéficier d’une réduction d’impôt sous certaines conditions, le but étant d’encourager la recherche.
D’autres projets de réformes ont été bloqués par Nicolas Sarkozy, comme la taxation des groupes pétroliers, la réforme de la retenue à la source pour l’impôt sur le revenu
Face à une surmédiatisation liée à ses fonctions ministérielles et son amitié avec le président Chirac, il apprend à gérer sa communication tout en étoffant son carnet d’adresse.
Thierry Breton est aussi et surtout un homme de réseaux qui selon ses détracteurs expliqueraient sa carrière fulgurante. Il fréquente la jet-set parisienne: la présentatrice de TF1 Claire Chazal, les actrices Charlotte Rampling, Olivier Orban, Alain Minc ou Isabelle Huppert…
Réseaux parmi les grands patrons : Henri Lachmann patron de Schneider, Henri Giscard d’Estaing (Club Med), Arnaud Lagardère, patron du groupe homonyme, ou encore Michel Barnier, ancien ministre des affaires étrangères, Bernard Arnault (LVMH). Claude Bébéar, Jean-René Fourtou ….
Depuis 2008, il est président-directeur général du groupe ATOS Origin dont il a redressé significativement la situation en doublant le chiffre d’affaires, pour atteindre 11,7 milliards d’euros, avec un résultat net passé de 23 millions à 567 millions d’euros. D’une société présente dans trois pays et employant 50 000 salariés, Atos est devenu un groupe de 100 000 personnes, qui compte un siège à Paris, un autre à Munich et des implantations aux Etats-Unis et en Asie.
Thierry Breton a épousé le 9 novembre 1981 Nicole-Valérie Baroin, journaliste dont il a trois enfants : Constance, Alexandre, Séverine, et qui fut une proche collaboratrice de Jean-François Poncet et connaît bien la politique, mais elle s’occupe aujourd’hui, de la vie mondaine du couple.
Thierry Breton est donc, même si c’est à son corps défendant, un symbole du système économique français, tiraillé entre les intérêts privés et les logiques publiques un système toujours marqué, malgré le choc de la mondialisation, par une forte endogamie entre la vie des affaires et la vie politique. Toujours un peu sur la crête, il reconnait : »Je connais ces deux mondes et je les aime l’un comme l’autre, parce que ce sont les deux parties de la France. »