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stephane Guyot : Parrainages Citoyens

Dans le prolongement de mon appel aux élus à parrainer un candidat en 2022, il me semble interessant d’engager une réflexion sur la procédure de désignation des futurs candidats.

La règle des « 500 parrainages » fait partie intégrante du folklore de l’élection présidentielle. Régulièrement incriminée par les candidats qui peinent à les obtenir, elle a souvent fait l’objet de contestation par les élus eux-mêmes qui dénoncent un système de cooptation organisé par les partis et à leur profit. Le terme de « parrainage » est d’ailleurs erroné. En droit, il s’agit de « présentations », ce qui change considérablement l’esprit de la procédure. En effet, parler de « parrainage » sous-entend que les élus soutiendraient personnellement telle ou telle candidature, ce qui n’est pas nécessairement le cas. Il s’agit en fait d’une disposition administrative confiant aux élus la responsabilité de valider un projet de candidature.

Un des principaux reproches formulés à l’encontre de cette procédure est l’influence des partis politiques sur les signataires. Pour éviter la multiplicité des candidatures, les grands partis n’hésitent pas à faire pression sur les élus afin qu’ils n’accordent pas leurs parrainages à un ‘’mauvais candidats’’. Les noms des parrains étant rendus publics, les maires redoutent les représailles des partis qui détiennent souvent les régions ou les départements, donc les subventions.

Certains d’entre eux estiment par ailleurs qu’ils n’ont pas été élus pour exercer cette fonction de ‘’filtre démocratique’’. Ils refusent ainsi, par principe, d’accorder leur parrainage à un candidat, quel qu’il soit. Mais en refusant de parrainer un candidat, ils se rendent coupables de « non-assistance à démocratie en danger ». Ils condamnent l’électeur en l’obligeant à faire son choix parmi les représentants de partis dont le nombre d’adhérents cumulés ne représente pas plus de 1% du corps électoral.

Le système consanguin des 500 parrainages ne remplissant que partiellement ses objectifs, il est temps de le compléter par un dispositif impliquant directement l’électeur dans la sélection des candidats habilités à se présenter : le « parrainage citoyen ». En permettant aux français de participer à la désignation des candidats, le scrutin présidentiel gagnerait en représentativité. Le parrainage citoyen serait même de nature à faire baisser les votes de rejet qui dénaturent l’acte de vote. Un tel processus s’inspirerait directement du modèle pétitionnaire en imposant un nombre minimum de signataires permettant de valider une candidature.

Dans son rapport pour la « Rénovation et la déontologie de la vie publique », la commission Jospin proposait en 2012 un système analogue en fixant à 150.000 au moins le nombre de signatures nécessaires pour se présenter au premier tour de l’élection présidentielle. La commission rappelait par ailleurs qu’un tel dispositif de pré-qualification existait déjà dans d’autre pays de l’Union Européenne (Portugal, Pologne, Lituanie, Autriche, Finlande et Slovaquie).

D’un point de vue pratique, la création d’une plateforme de recueil de parrainages citoyens ne devrait pas constituer un obstacle incontournable. Elle offrirait par ailleurs 2 avantages majeurs. Elle permettrait tout d’abord que des candidatures qui ne seraient pas issues du seul carcan idéologique des partis puissent être proposées aux français. Par ailleurs, elle renforcerait le sentiment d’appartenance à la nation et stimulerait la participation électorale. En effet, le droit de vote consiste principalement à désigner un vainqueur parmi des candidats que les électeurs n’ont pas choisi. Ce décalage entre la volonté d’exprimer une opinion et une pré-sélection de candidats imposée par des partis politiques est en grande partie à l’origine des forts taux d’abstention que l’on déplore à chaque scrutin.

En offrant aux citoyens la possibilité de s’impliquer dans la vie politique du pays en amont des isoloirs, le principe de « parrainages citoyens » s’inscrit comme une solution efficace au drame de l’abstention. Il renforcerait ainsi la légitimité de celui – ou celle – qui sera élu(e), quel qu’il (elle) soit.

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