Première chute de la productivité aux Etats-Unis depuis 30 ans par Bill Bonner
La presse a rapporté des nouvelles financières mitigées, la semaine dernière. Parmi ce brouhaha contradictoire, un signal d’alarme s’est fait entendre : “la chute de la productivité US fait naître des craintes de réactions populistes alors que les salaires stagnent”, titrait — assez lourdement — le Financial Times.
La plupart des articles sur l’actualité financière sont remarquablement libres de tout contenu informatif. Pas celui-ci. Le titre à lui tout seul déborde aux entournures.
D’abord (et nous faisons ici une brève pause pour remercier les crétins qui gèrent l’économie américaine)… pour la première fois depuis plus de trois décennies, la productivité chute aux Etats-Unis. Le Conference Board estime le taux de croissance de la productivité en 2016 à MOINS 0,2%.
Cela signifie que la richesse réelle marche à l’envers… que l’économie US s’appauvrit… et qu’elle devient moins productive.
Quelle remarquable réussite — réduire la valeur du labeur humain dans l’économie la plus avancée au monde après au moins 200 ans de croissance vigoureuse !
Le progrès arrive à sa fin
Nous l’avons déjà expliqué dans ces lignes… Les autorités et l’industrie financière s’entendent pour remplacer la précieuse épargne réelle par de l’épargne factice illimitée (de l’argent adossé au crédit). Mais lorsqu’une chose est disponible en quantités illimitées, les gens la gaspillent.
Ils l’utilisent pour des rachats d’actions… de la spéculation… des subventions aux zombies… des contrats pour les compères…
L’épargne réelle, la formation de capital et l’investissement — du genre dont on a besoin pour stimuler la productivité — baissent.
Stanley Druckenmiller :
“Alors que la dette, dans les années 90, a financé la construction de l’internet, la majeure partie de la dette actuelle a été utilisée pour de l’ingénierie financière, non pour des investissements productifs. L’année dernière, les rachats et les fusions/acquisitions étaient de 2 000 milliards de dollars. L’ensemble de la R&D et des dépenses d’équipement de bureaux représentait 1 800 milliards de dollars. Et ce comportement imprudent s’est développé de manière non-linéaire après huit années d’argent gratuit”.
De battre notre coeur s’est arrêté. En fin de compte, tout ce qu’on a, en ce monde, c’est du temps. Vingt-quatre heures par jour. Sept jours par semaine. Le temps n’est pas du crédit. On ne peut pas l’étirer. On ne peut pas le “relancer”… ou en créer plus. C’est tout ce qu’il y a.
On pourrait doubler le nombre d’énarques dans les banques centrales. On pourrait doubler le nombre de brevets, ou de rachats d’actions, ou d’introductions en bourse de technos… le monde tournerait exactement au même rythme et le soleil se lèverait demain matin — probablement plus tôt que vous le voulez.
Le temps est hors de contrôle du Deep State, du Congrès ou de la NSA.
Le seul espoir de progrès matériel, c’est d’obtenir plus de production à partir de chaque unité de temps. Il n’y a pas d’autre moyen.
Et si l’on ne peut pas y parvenir, on coule. Si on obtient moins de production par unité de temps… on est condamné à la pauvreté.
C’est pourquoi on a là l’information financière la plus importante de ce mois-ci… voire de cette année… voire carrément de toute votre vie.
Le progrès matériel a pris fin… et si cette tendance se poursuit, nous finirons par nous retrouver à marcher à quatre pattes en hurlant à la lune.
Courir après la lune
Non seulement ça, mais le système gouvernemental actuel est condamné lui aussi. Ainsi que notre argent…
Nous y reviendrons plus en détails la semaine prochaine, mais nos démocraties avancées dépendent d’une chose : faire des promesses maintenant… et les tenir plus tard.
Cela ne peut être accompli qu’avec la croissance de la production ! S’il n’y a pas d’augmentation de la productivité (ou pire, une chute de la productivité), la partie prend fin.
“Les salaires stagnent”, continue le titre du Financial Times. L’étude du Levy Institute montrant que pour neuf Américains sur dix, ce sont quatre décennies qui ont été perdues depuis les années 70. En d’autres termes, leur temps ne vaut pas plus aujourd’hui que lorsque les premiers astronautes ont atterri sur la Lune.
En 1969, les Etats-Unis pouvaient envoyer des hommes sur la Lune et les ramener. A présent, avec la productivité en baisse, la Lune s’éloigne.
Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit