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« La démocratie, c’est le débat. » Vraiment ? Par Stephane Geyres

Ce matin, comme c’est la mode ces jours-ci, on évoque Nuit Debout dans la presse et l’agression d’Alain Finkielkraut, laquelle conduit à cette affirmation supposée rassurante quant au respect des idées et notamment celles du philosophe : « La démocratie, c’est le débat ». Débattre, c’est bien.

Qu’est-ce que débattre, au fait ? Ou plutôt, que cela suppose-t-il ? Débattre, librement, c’est en effet exprimer, concrétiser la liberté d’expression de chacun, chose incontestablement positive et majeure pour la liberté de tous. Débattre, c’est permettre à la liberté d’être comprise, exigée, sinon trouvée.

Mais surtout, débattre suppose que la chose débattue n’est pas un sujet clos, une question dont la ou les réponses ne sont pas encore connues. Débattre c’est donc chercher ce qui n’est pas connu.

Bien évidemment, la part d’inconnu dans une démocratie est immense, elle le sera toujours et c’est très bien comme cela : le futur est largement inconnu, c’est l’expression même de notre liberté.

Il y a pourtant des pans entiers de la vie en démocratie qui ne sont pas, qui ne sont plus inconnus et cela depuis fort longtemps – au moins depuis que les économistes autrichiens sont passés par là. Et pour tous ces sujets, fort nombreux, quand on écoute les fameux débats, eh bien, il n’y a pas débat.

Prenons quelques exemples pour illustrer. La lutte contre le chômage ? Pas besoin d’en débattre, on sait, depuis Frédéric Bastiat sinon avant, que la suppression du salaire minimum et de l’essentiel du code du travail suffiraient à le rendre quasi-inexistant. Les 35 heures, ou même les 32 heures comme on commence à entendre – c’est-à-dire le partage du temps de travail ? Pas de débat non plus, c’est le fruit d’une confusion profonde entre travail et emploi qui rend l’idée sans fondement. Le travail existe et existera à l’infini car il est l’expression des besoins et envies des hommes. Infini, pas besoin donc de le partager. Par contre, les 35 heures, c’est produire moins pour le même revenu sans gains de productivité : pas besoin de débattre pour établir que cela ne peut que nous appauvrir.

Ce ne sont que quelques exemples, il y en a autant que l’on veut. Ce qu’il faut en retenir, c’est que la vie sociale ne repose pas entièrement sur le relativisme, tout n’est pas affaire de choix politiques. Il y a des lois économiques intemporelles et universelles auxquelles nul politicien ne peut échapper, pas plus que la démocratie ou la volonté du peuple. Dès lors, débattre reste une excellente chose, mais à la lumière du réalisme économique et des obligations morales issues du respect du droit par chacun.

PS : Voir cet ancien article sur le même sujet, en plus détaillé : https://www.contrepoints.org/2011/03/09/16374-de-lillusion-democratique

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