La crise des « subprimaires »
15 septembre 2008, début de la crise dite des « subprimes ». Plus de huit ans après, elle laisse encore des traces et les marchés sont encore viciés de ces fausses liquidités injectées par milliards. Les économistes autrichiens l’avait pourtant annoncée, plusieurs années à l’avance, car ils voyaient venir les effets cumulés d’un système où il était, et il est encore, possible et même encouragé de tricher avec la prise de risque et la promesse du profit. On croit en avoir tiré les leçons, mais il n’en est en réalité rien et on continue de voir les couches de « régulation » conduire à autant de bulles.
Il y a je pense une analogie à faire avec cette campagne électorale lamentable sans précédent et ses primaires. Et probablement bien au-delà. L’idée est assez simple : toute réglementation cherchant à réduire un risque ne fait jamais que le repousser pour en créer un autre sous une forme nouvelle.
Ainsi nos belles primaires, de droite comme de gauche. Elles ne sont pas dans la tradition électorale de notre beau pays et y font une entrée fracassante. Auparavant, l’absence de primaires conduisait les gros partis à risquer de voir leur forces émiettées en une multitude de candidats, plus ou moins porteurs des divers « courants » dont notre vie politique a toujours eu le secret. Le risque était alors de perdre le premier tour, comme la gauche en 2002 qui se fit brûler la place par le FN.
Pour éviter cela, et sans doute sous la mauvaise inspiration des pratiques américaines, je ne sais trop qui a eu cette idée aussi sotte que grenue de planifier des primaires. Comme ça, hop, par magie, on gommerait le risque d’éparpillement des voix de chaque camp. Le mot important, c’est « planifier ».
Car dès que les primaires ont été planifiées, il a été possible pour le pouvoir, ou qui que ce soit de tricheur d’ailleurs, peu importe, de venir perturber un jeu trop connu à l’avance. Je ne suis pas en train de chercher des excuses à Fillon, ni de faire la promotion de quelque candidat que ce soit. Je me contente simplement d’établir le fait incontestable qu’il n’est jamais possible de supprimer le risque.
La crise des « subprimaires » que nous vivons devient alors juste une péripétie de plus dans la lente décomposition du système démocratique. On devrait y être habitué en France, avec notre nombre démesuré de révisions constitutionnelles – chaque fois, promis, c’est la bonne, on n’y touchera plus.
Je ne sais pas qui sera élu, et peu m’importe vraiment, puisque de toute manière ce sera un (ou une) menteur avide d’impôts. Probablement pour apaiser les foules, allons-nous connaître une forme de « quantitave easing » des institutions, pour corriger le « défaut » des primaires. Mais ce ne sera que reculer pour mieux sauter. Enfin, ce sera surtout nous et nos économies qui sauterons un peu plus.
Les constitutions et les « institutions » ne servent à rien. Tant qu’il y a du pouvoir, « ils » tricheront pour se l’approprier. Le pouvoir ne se met pas sous contrôle du pouvoir. La bulle des subprimaires va donc exploser. Jusqu’au moment, proche, de la faillite complète de la démocratie représentative.
S.Geyres