Jean-Christophe Cambadélis : « Il faut un printemps de la gauche pour faire face à la crise »
L’ancien Premier secrétaire du Parti socialiste et président du réseau « Nouvelle société », destiné à réinventer la gauche, met en garde contre la tentation « autoritaire » des Français à la présidentielle de 2022 après la crise que nous traversons
« Vudailleurs.com » : La gauche ne pourra gagner en 2022 sans s’unir, mais comment justement rassembler les gauches ?
Jean-Christophe Cambadélis : Il faut, soit une plateforme commune, soit un candidat commun. Pour ma part, je plaide pour un candidat républicain, social et écologiste. Ce qui suppose d’avoir une dynamique au-delà des partis. C’est urgent au regard de la situation, de la désagrégation républicaine et sociale, de la menace terroriste, de l’effondrement économique et social lié à la pandémie. La crise actuelle nécessite de passer au-dessus des querelles de boutiques et de créer un grand mouvement progressiste. Il faudra que tous ceux qui veulent l’alternance avec une gauche républicaine s’y rassemblent. Un printemps de la gauche, qui doit fonder une dynamique nouvelle. Car, la France est excédée par ses difficultés, ses mauvais résultats, et commencent à regarder du côté des solutions autoritaires.
Sur quel consensus peut-on bâtir un programme commun ?
Il ne faut pas chercher à faire consensus sur un programme préétabli ou trouver « le » candidat dès aujourd’hui. Mais, laisser s’exprimer les idées. J’appelle à un printemps des idées. En s’appuyant sur trois piliers. Le premier, c’est la défense de la République. Le second, c’est écologiser l’économie. Le troisième est de construire un nouveau contrat social. Celui d’aujourd’hui est issu de l’ère industrielle. La nouvelle économie ne doit pas tuer les relations sociales. Il faut s’attaquer aux grands problèmes : les quartiers difficiles, l’Education nationale, la protection sociale.
Et quelle est votre position sur ce qu’Emmanuel Macron appelle le « séparatisme islamique » ?
C’est un concept que j’avais forgé. Les Français musulmans sont pris en tenaille entre ceux qui leur disent que leur foi est supérieure à la loi et le respect de la République. La République doit combattre les islamopithèques qui veulent imposer leur doctrine à la France et vivre comme au Moyen-Age. Avec une vraie stratégie.
Comment jugez-vous sa gestion de la crise liée au Covid-19 ?
Elle est chaotique. Et, aujourd’hui, nous n’anticipons pas la deuxième vague de plans sociaux. Des pans entiers de l’économie vont basculer avec la chute du PIB d’environ 15 %. Nous avons déjà 900000 chômeurs de plus et bientôt un million de pauvres supplémentaires.
Dans ce contexte, comment la gauche peut-elle revenir sur le devant de la scène ?
La gauche doit arrêter de regarder dans le rétroviseur, mais vers l’avenir. Les problèmes ne sont plus les mêmes aujourd’hui que dans les années 80. Il faut forger de nouveaux concepts, de nouvelles références, avoir une nouvelle identité, redéfinir, par exemple, les bases de la protection sociale.
A titre personnel, je pense que le mot d’ordre doit être la défense de l’intégrité humaine. Il faut bâtir des propositions autour de ce concept pour répondre à la crise. Il permet de faire le pont entre le social, l’économie, l’écologie et la défense de la République.
Et, il faut réinvestir le discours républicain autour de trois principes clairs: l’égalité réelle, la liberté ordonnée et la fraternité laïque.
Cédric Leboussi
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Anonyme
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