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Les Khazars : l’histoire fascinante d’un empire perdu

Entre la mer Noire et la mer Caspienne, au carrefour de l’Europe et de l’Asie, prospéra un royaume oublié : le khaganat khazar. Cet empire médiéval joua un rôle crucial entre le VIIᵉ et le Xe siècle, agissant comme rempart militaire, carrefour commercial et curiosité religieuse. Les Khazars, peuple d’origine turque, apparurent dans la steppe pontique au VIᵉ siècle. Rapidement, ils bâtirent un État puissant contrôlant les routes commerciales médiévales reliant Byzance, la Perse et les steppes russes. Leur royaume, « Khazaria », s’étendait du Don à la Volga et jusqu’au Caucase, occupant une position stratégique entre l’Empire byzantin, les califats arabes et les royaumes slaves.

Au VIIᵉ et VIIIᵉ siècle, les Khazars affrontèrent les armées musulmanes lors des guerres arabo-khazares, freinant l’expansion de l’islam en Europe orientale. Alliés de Byzance, ils profitèrent de cette position géopolitique pour consolider leur pouvoir et faire bâtir des fortifications comme Sarkel, érigée avec l’aide d’ingénieurs byzantins.

Un épisode unique de l’histoire juive eut lieu au VIIIᵉ siècle : la conversion au judaïsme du roi Bulan et de sa cour. Selon la tradition, le souverain organisa un débat entre représentants du christianisme, de l’islam et du judaïsme avant de choisir la Torah. Ce choix audacieux renforça l’indépendance idéologique du royaume face à ses puissants voisins. Khazaria resta toutefois un royaume multi-confessionnel, où coexistaient juifs, chrétiens, musulmans et païens dans une relative tolérance.

La capitale, Itil, sur la Volga, devint un carrefour commercial cosmopolite où se rencontraient marchands arabes, Rus’ de Kiev, Perses et Byzantins. Khazaria prospéra grâce au commerce des fourrures, du miel, des métaux précieux et, de manière plus sombre, des esclaves. Cette diversité culturelle se reflétait même dans la justice khazare, qui réunissait des juges de différentes confessions, un modèle rare pour l’époque.

À partir du Xe siècle, l’équilibre géopolitique fut bouleversé par la montée en puissance des Rus’ de Kiev. Vers 965, le prince Sviatoslav Ier de Kiev mena une campagne décisive : il détruisit Sarkel et pilla Itil. Privé de ses centres économiques, le khaganat khazar s’effondra. Les Khazars se dispersèrent : certains se mêlèrent aux populations voisines, d’autres rejoignirent les communautés juives d’Europe de l’Est, donnant naissance à la théorie controversée du lien entre Khazars et Juifs ashkénazes.

Aujourd’hui, l’histoire des Khazars passionne historiens et curieux. L’écrivain Arthur Koestler a popularisé l’idée d’une origine khazare des Juifs ashkénazes dans son livre La Treizième Tribu, mais les études génétiques modernes relativisent cette hypothèse. Même si leur héritage démographique est discuté, leur rôle fut crucial : ils bloquèrent l’expansion arabe, favorisèrent le commerce eurasiatique et offrirent un exemple rare de tolérance religieuse au Moyen Âge.

Les Khazars furent ainsi des acteurs majeurs de l’histoire médiévale de l’Eurasie. Leur royaume, à la croisée des civilisations, fut un bastion militaire, un hub commercial et un exemple unique d’adoption du judaïsme par un État. Bien qu’effacée des cartes, leur mémoire continue d’éclairer notre compréhension des relations entre Orient et Occident.

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