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FILLON, le coureur automobile, en pole position par Michel FIZE, sociologue, candidat à l’élection présidentielle

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On sait combien François Fillon, passionné de course automobile, est joueur. Au soir du 1er tour de la primaire de la droite et du centre, avec plus de 44 % des voix, il vire en tête, se retrouvant en pole position pour le 2ème tour, devançant Alain Juppé, le grand favori, qui ne recueille que 28,6 % des suffrages, lequel relègue Nicolas Sarkozy, 8 points derrière lui, avec seulement 20,6 % des voix. Quels enseignements peut-on tirer de ce premier tour de primaire ?
Elle signe d’abord la cuisante défaite des sondeurs, commentateurs politiques et autres politologues. Une nouvelle fois, comme en 1995 pour Jacques Chirac, censé être battu par Edouard Balladur, ou, plus récemment, Donald Trump, donné perdant face à Hillary Clinton, le « microcosme médiatico-sondagier » s’est lourdement trompé. Désormais les citoyens ne veulent plus s’en laisser compter. Comme les citoyens américains refusant d’élire le « bon » candidat que l’ « establischment » leur avait désigné, à savoir Hillary Clinton, les citoyens français viennent de refuser le plébiscite promis à Alain Juppé, ainsi que la 2ème place, attribuée par avance, à Nicolas Sarkozy. C’en est désormais terminé de la « pseudo-démocratie sondagière ». La victoire écrasante de François Fillon consacre la victoire de la « démocratie citoyenne », celle du plus grand nombre, de cette « majorité silencieuse » dont parlait Nicolas Sarkozy durant sa campagne, et qui lui a été fatale. Le peuple réaffirme ainsi sa pleine souveraineté.

Le deuxième enseignement, c’est évidemment la formidable raclée administrée à ce même Nicolas Sarkozy. Cette fois-ci, sa démultiplication sur le terrain, sa forte médiatisation, n’auront pas suffi à lui assurer l’adhésion des électeurs. On savait qu’une très large majorité des Français ne voulait pas que l’ancien président de la République soit à nouveau candidat à l’élection présidentielle de 2017, on ignorait en revanche qu’une majorité aussi des adhérents ou sympathisants de LR le rejetait pareillement – les sondages, encore eux, le disant très populaire dans son camp. Nicolas Sarkozy s’apprête donc à quitter la vie politique pour la deuxième fois. Sera-ce la dernière ? Rien n’est moins sûr quand on connaît la versatilité du personnage. Précisons que la défaite de M. Sarkozy, c’est aussi celle d’un homme décidément sans convictions sincères, pouvant passer en une semaine d’un discours modéré au discours le plus extrémiste, d’un homme-manœuvrier, adepte des changements permanents de trajectoire, par pur intérêt personnel. De cela le « peuple de droite », qui s’est exprimé hier, ne veut manifestement plus. C’est dorénavant la constance qu’il recherche. Il nous dit aujourd’hui, ce peuple-là, l’avoir trouvé avec François Fillon qui tient, il est vrai, lui, un authentique discours de DROITE, avec l’élégance du langage en plus.

Le troisième enseignement,

c’est le rejet par ce même « peuple de droite » de l’homme politique nouveau, celui censé incarner la « vraie vie », connaître les « vrais gens », vouloir rejeter le système, celui qui, arguant de son jeune âge, entend envoyer à la retraite les vieux routiers de la politique. C’est le rejet aujourd’hui de Bruno Le Maire, crédité d’à peine plus de 2 % des voix. Or, et c’est là le paradoxe, les Français veulent à la fois le renouvellement du personnel politique et l’expérience politique. A l’évidence, celle-ci est aujourd’hui plus présente chez François Fillon que chez Bruno Le Maire, dont l’échec, pour le coup, est aussi cinglant que celui de Nicolas Sarkozy. Le quatrième et dernier enseignement, en lien avec le précédent, c’est bien la difficulté à sortir du système politique traditionnel et partisan. Qu’elles s’appellent, explicitement ou pas, « primaires citoyennes », les « primaires à la française » restent des primaires partisanes. Les candidats majeurs, tant à droite hier qu’à gauche demain, sont issus d’un parti politique (plutôt un grand parti). Six des sept candidats présents au 1er tour de la primaire de la droite et du centre appartiennent ainsi aux Républicains, le septième est à la tête du (petit) parti démocrate-chrétien. Le même scénario va se reproduire à la prochaine primaire de la gauche. Les candidats actuellement déclarés, ou susceptibles de se déclarer, sont tous membres du Parti socialiste. Seuls les candidats « hors primaires », à l’image d’Emmanuel Macron, animant le mouvement citoyen « En marche », ou de Jean-Luc Mélenchon, qui n’est plus leader du Parti de gauche, sont des candidats qui ne sont pas vraiment, ou ne se veulent pas, des « partisans ». Ces candidats voient ainsi leurs chances de succès à la présidentielle limitées par un système de parrainage, qui reste globalement entre les mains de l’appareil partisan. On sait à cet égard combien le sort de Jean-Luc Mélenchon est lié à la bonne volonté des élus communistes. Le sort d’Emmanuel Macron est, pour cette même raison, tout aussi incertain (on peut même s’attendre à un tir de barrage pour l’empêcher d’obtenir ses 500 parrains nécessaires). En conclusion, le prochain président de la République, quel que soit son nom, risque fort d’être un homme de parti, un homme ayant déjà une longue carrière politique derrière lui, de 20 ou 30 ans, sinon plus. On ne se débarrasse pas aussi facilement de ses vieux démons conservateurs. La « monarchie présidentielle », les partis politiques même affaiblis, semblent encore avoir de beaux jours devant eux !

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