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Elections européennes : pas de quoi réveiller les Français, ni les autres Européens, et pourtant…


Lors du premier scrutin européen, 62% des électeurs s’étaient mobilisés pour élire les députés européens, alors même que leurs pouvoirs restaient à l’époque extrêmement limités

Alors que l’échéance européenne, qui élit les représentants des peuples européens et seule opportunité démocratique européenne, approche à grand pas, le scrutin est pour l’instant peu suivi et entouré d’incertitudes.

Une assemblée de 705 eurodéputés à élire. Voilà ce qui est au programme des Etats-membres entre le 23 et le 26 mai prochains.

Les eurodéputés détiennent une part du pouvoir législatif, ils votent le budget européen, des lois au niveau et proposent un président de la Commission, figure de proue et véritable visage de l’Union européenne. Leur responsabilité est donc conséquente et a été grandissante au cours des vingt dernières années. C’est aussi le seul moment où les citoyens des pays de l’Union européenne sont appelés à voter pour un vote dans le cadre de l’Union européenne. Cela n’en fait pas pour autant une élection très suivie.

Car si la campagne n’a pas encore vraiment commencé, les sondages révèlent déjà les incertitudes – au-delà des méconnaissances de fonctionnement – vis-à-vis de l’élection de leurs représentants au Parlement européen.

D’abord, l’indice de confiance des Français dans l’Union européenne : 33%. Ce chiffre montre une défiance vis-à-vis des institutions européennes, même si l’Europe, elles, recueillent plus d’opinions positives : près de 6 Français sur 10 sont attachés à cet ensemble européen.

La France européiste ou eurosceptique ? Au lendemain de l’élection d’Emmanuel Macron, un changement avait été opéré, les Français avaient pris confiance dans leurs institutions européennes. Mais très vite, la dégradation s’est fait sentir, pour faire apparaitre la France dans les pays les plus défiants à l’égard de l’Union européenne, à côté de la République Tchèque, du Royaume-Uni ou de la Grèce. Des Etats qui ont, eux, clairement montré leur détachement de l’Union européenne.

Pourtant, il existe un paradoxe français. Le rejet de l’Europe n’est pas massif puisque les Français continuent d’être demandeurs de plus d’Europe. Et même parmi les pays de tête, cette fois. 64% des Français espèrent un renforcement des décisions prises au niveau européen, soit le 4ème pays le plus demandeur d’Europe. Agriculture, concurrence, normes sanitaires… Les domaines où l’UE est compétente sont de plus en plus connus de ses citoyens.

L’Europe essaie de se construire alors même qu’elle est en train de se séparer de l’un de ses membres. Le Royaume-Uni doit officiellement quitter l’Union européenne le 29 mars, mais comme en Europe, rien n’est jamais simple ; ni la date, ni la sortie effective ne sont encore certaines.

D’abord, la grande incertitude liée au Brexit. Le Parlement européen doit donc être renouvelé, mais aussi complètement chamboulé par la future sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, puisque si certains sièges de députés britanniques ont été redéployés vers d’autres pays, la plupart, 46 exactement, ont été supprimés. C’est ce qui est en tout cas prévu par les institutions européennes

Sauf que si le Royaume-Uni repousse sa date de sortie au-delà du 1er juillet – date à laquelle se réunit la 1ère assemblée des nouveaux députés européens, il sera toujours membre de l’Union européenne et devra, lui aussi, élire ses représentants à la principale assemblée européenne. Mais ça, personne ne s’y prépare. Ni le Parlement européen, qui ne veut pas communiquer sur un tel scénario et encore moins le Royaume-Uni, qui se voit mal organiser de telles élections dans la hâte. A l’heure actuelle, les sièges des anciens députés britanniques sortants ont été redistribués entre les 27 autres pays. Si l’échéance du Brexit est amenée à évoluer, le Parlement a déjà évoqué des sièges d’ « observateurs ». Nul doute que le scrutin européen dépendra avant tout des avancées décisives ou non du Brexit au mois de mars.

Enfin, l’incertitude due à la participation au vote. Si les élections n’ont lieu que tous les 5 ans, elles sont souvent boudées par les électeurs. L’abstention y est largement au-dessus des 50%. Pourtant, l’aventure démocratique européenne avait bien commencé. En 1979, lors du premier scrutin européen, 62% des électeurs s’étaient mobilisés pour élire les députés européens, alors même que leurs pouvoirs restaient à l’époque extrêmement limités. Et paradoxalement, c’est quand les attributions du Parlement se sont accrues que l’intérêt pour ces élections a évolué en sens inverse.

Bien des événements ont amené l’Europe au cœur du débat public : le Brexit, l’arrivée au pouvoir de la coalition populiste italienne, le referendum en Catalogne, les Gilets jaunes…

Le scrutin étant majoritairement proportionnel, l’abstention est tout à fait capable d’amener dans l’hémicycle des formations encore politiques encore peu représentées aujourd’hui, alors même que selon les représentations données par le Conseil européen cette semaine, les principaux groupes devraient se retrouver affaiblis. Comme ailleurs, la politique traditionnelle a du plomb dans l’aile. Et c’est surement là le véritable enjeu de ces européennes.

A.K

Comments

  • Anonyme
    février 24, 2019

    4.5

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