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Le retrait d’espèces, un geste en voie de disparition ?

La France comptait, au 31 décembre dernier, 42 578 distributeurs automatiques de billets (DAB). Ce chiffre, apparemment neutre, dit en réalité beaucoup de l’évolution silencieuse de notre rapport à la monnaie. En un an, le parc a reculé de 3,5 %, et de 15 % en cinq ans. Derrière ces pourcentages se dessine le déclin progressif d’un dispositif longtemps perçu comme l’incarnation même de la modernité bancaire.

Implantés sur 29 500 sites répartis dans un peu plus de 6 500 communes, ces automates formaient jadis un maillage serré du territoire, un signe tangible de la présence des banques au plus près des populations. Leur raréfaction ne traduit pas seulement une stratégie de rationalisation des établissements : elle reflète aussi l’évolution de nos usages, la carte bancaire sans contact et le paiement mobile ayant relégué peu à peu le billet dans une zone grise entre nécessité et archaïsme.

La montée en puissance des « points privatifs »

Face à ce recul, une autre forme d’accès aux espèces progresse : les « points privatifs », dispositifs installés dans des commerces de proximité — supérettes, boulangeries, bureaux de tabac — qui offrent la possibilité de retirer du liquide en réglant par carte bancaire le même montant. Leur nombre a augmenté de 3,9 % en un an, atteignant 28 479 commerces.

Ces points d’accès demeurent toutefois contraints : réservés aux seuls clients d’une banque partenaire, dépendants des horaires d’ouverture et de la trésorerie disponible dans la caisse. Autant dire que l’expérience utilisateur y perd ce que l’automate garantissait : universalité, anonymat et disponibilité permanente.

Une interopérabilité en gestation

Le groupement Cartes Bancaires (CB) cherche néanmoins à dépasser cette fragmentation. En 2026, un test sera conduit entre La Banque Postale (hors DAB) et les « relais CA » du Crédit Agricole, afin de permettre à des clients de banques différentes d’accéder à ces retraits de substitution. Mais l’ambition reste encadrée : les montants seront plafonnés, de 20 à 100 euros par jour, et soumis à la réserve de liquidités du commerçant.

Une accessibilité « maintenue à un très haut niveau »

Officiellement, rien d’inquiétant. « L’accessibilité aux espèces reste à un très haut niveau », affirme Maya Atig, directrice générale de la Fédération bancaire française. La Banque de France, garante de ce droit, se montre tout aussi rassurante. Mais la réalité, plus nuancée, est celle d’une adaptation contrainte, où les modes d’accès aux billets se diversifient au prix d’une complexité accrue pour l’usager.

La place des nouveaux acteurs du cash

Le retrait progressif des grandes banques traditionnelles a, par ailleurs, ouvert la voie à des opérateurs spécialisés. Loomis, Brink’s et Euronet, absents du marché jusqu’en 2018, exploitent désormais 961 DAB en France. Leur présence rappelle que l’accès au liquide reste un enjeu économique, presque stratégique : si les banques s’en détournent, d’autres trouvent à y investir.

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