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Compostelle en crise : la foule menace l’esprit du pèlerinage

Le soleil se lève à peine sur Saint-Jean-Pied-de-Port, point de départ emblématique du Camino Francés, l’itinéraire le plus populaire du Chemin de Compostelle. Devant les auberges, des dizaines de pèlerins s’entassent, sacs débordants, bâtons en main. L’image est celle d’un pèlerinage intemporel. Pourtant, ces dernières saisons, le chemin subit une transformation profonde : fréquentation record, tensions croissantes et incivilités qui menacent son esprit.

Une fréquentation historique… et ses dérives

« On n’avait jamais vu autant de monde », souffle Marie, hospitalière bénévole dans une auberge du Gers. En 2024, plus de 500 000 pèlerins ont été enregistrés selon l’Office de Tourisme de Saint-Jacques-de-Compostelle. L’effet post-Covid, la médiatisation et les applications pour randonneurs ont facilité l’accès au chemin, mais la rançon du succès se paie comptant.

Surpopulation et comportements irrespectueux

Sur les sentiers du Camino Francés, les marcheurs expérimentés s’inquiètent. Déchets abandonnés, bruits nocturnes, tensions dans les dortoirs : la règle de discrétion s’effrite. Certains lieux d’hébergement sont transformés en espaces de fête, parfois bruyants et irrespectueux.

« C’est un sujet tabou, mais il faut le dire », confie un propriétaire d’albergue près de León. Des plaintes évoquent des comportements déplacés, des nuisances sonores et une perte de repères. Le pèlerinage spirituel devient parfois une simple aventure touristique.

Un chemin qui se banalise ?

Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, le Chemin de Compostelle a toujours été un lieu de rencontre et de quête intérieure. Mais l’arrivée massive de marcheurs peu préparés transforme l’atmosphère. Certains dénoncent une dérive consumériste : Compostelle devient une expérience à cocher, plus qu’un chemin de réflexion.

Vers un retour à l’esprit du Camino

Les associations jacquaires tirent la sonnette d’alarme. Elles rappellent que le Camino Francés est un itinéraire culturel et spirituel, fondé sur le respect du lieu et des autres. Des initiatives locales émergent : chartes de bonne conduite, poubelles supplémentaires, campagnes de sensibilisation.

Malgré tout, le chemin conserve sa beauté et sa force. Les paysages, les rencontres sincères, l’arrivée à la cathédrale de Santiago restent des moments forts pour ceux qui savent faire preuve de patience et de respect.

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