
Cécile Sornin : une politique éthique et citoyenne à Mulhouse
Il est des figures discrètes dont la parole, lorsqu’elle se fait entendre, tranche par sa justesse autant que par sa fermeté. Cécile Sornin est de celles-là. Ni apparatchik, ni tribun, elle avance avec ce calme lucide des femmes qui ont longuement observé avant d’agir. À Mulhouse, ville aussi vive qu’écorchée par les fractures sociales et les mutations industrielles, elle incarne une tentative rare : réconcilier gouvernance et éthique, efficacité municipale et intelligence collective.
Formée aux sciences de la terre — elle est ingénieure agronome de métier —, elle s’est tournée vers l’enseignement, où elle a exercé pendant une décennie dans les quartiers populaires. L’école, pour elle, fut une première agora : lieu de transmission, certes, mais surtout terrain d’écoute, d’apprentissage du réel, d’attention aux mécanismes d’exclusion. C’est là, dit-elle souvent, qu’elle a compris que les grandes décisions se prenaient trop loin des premiers concernés.
Adjointe au maire de Mulhouse entre 2020 et 2024, elle aurait pu se satisfaire d’une fonction stable, d’un poste en vue. Mais la verticalité croissante du pouvoir local, le verrouillage des décisions, et l’effacement progressif des engagements citoyens l’ont conduite à rompre. En septembre 2024, elle quitte la majorité municipale avec fracas — ou plutôt, avec rigueur. Pas de gesticulation : un retrait digne, suivi d’une fondation. Mulhouse au Cœur naît dans cet élan, comme un espace de respiration politique, un collectif d’habitants, d’associatifs, d’experts modestes. On y débat, on y élabore, on y conteste — mais toujours au nom du bien commun.
Car ce qui frappe chez Cécile Sornin, c’est moins l’ambition personnelle que l’obsession méthodique d’un autre rapport à la cité. Pour elle, la politique n’est pas une bataille de postures mais une discipline du lien. Elle parle de « démocratie concrète », de « budget partagé », de « pouvoir d’agir des habitants » — et l’on sent bien qu’il ne s’agit pas là d’un lexique creux. La rhétorique de Sornin s’appuie sur des pratiques : des assemblées de quartier, des ateliers d’urbanisme participatif, des mobilisations contre l’oubli des plus précaires.
En 2026, elle se présente à la mairie. Son programme ne promet pas des miracles, mais des méthodes. Pas des visions solennelles, mais des mécanismes réparateurs : logement digne, écologie de terrain, transparence budgétaire, relocalisation des décisions. Elle revendique un héritage républicain, celui d’une laïcité inclusive et d’un engagement sans clientélisme. Ni populiste, ni technocrate, elle trace, à l’écart des doctrines, un sillon exigeant.
Cécile Sornin n’incarne pas la révolution ; elle incarne peut-être quelque chose de plus rare : la décence ordinaire érigée en projet politique. À Mulhouse, cette vertu pourrait bien devenir élective.