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Carlos Ghosn : France ou Japon ? Enfin, des voix s’élèvent

Enfin une initiative du camp français qui s’inquiète de la situation de l’ancien patron de Renault. Certes, l’homme était le patron le mieux payé du CAC 40 et n’était pas à plaindre avec en prime, une double rémunération Renault Nissan qui lui permettait d’afficher un salaire annuel de près de 15 millions d’euros par an.

Certes, l’homme est, en plus de ça, franco-brésilo-libanais, ce qui fait que plus d’un pays peut se soucier de son sort. Mais son activité principale professionnelle était quand même bien plus française que libanaise ou brésilienne.

Certes, l’homme est soupçonné d’escroquerie et de fraude – accusé d’avoir fourni des déclarations inexactes de ses revenus entre 2010 et 2018, et d’avoir fait couvrir par Nissan des pertes sur des investissements personnels lors de la crise économique de 2008. Une dernière accusation en date porte sur le détournement de fonds via Oman à des fins personnelles. Mais il a le droit, comme n’importe quel autre justiciable, à la présomption d’innocence. 

Certes encore, le dirigeant avait pu connaître des différends avec d’autres hommes de pouvoir français quand il était encore à la tête du Losange. Carlos Ghosn n’était déjà pas un grand ami du président Sarkozy, mais avec Macron en ministre de l’Economie, il s’était particulièrement bagarré sur l’histoire des droits de vote double de l’Etat. Avec l’autre Carlos de l’automobile, Carlos Tavares, son ancien numéro 2 qu’il a fait partir et qui s’est retrouvé à la tête du principal concurrent de Renault, lui encore n’est pas prêt de se mouiller pour son ancien patron.

Carlos Ghosn avait donc été jusque-là complètement lâché en pâture. Par l’Etat, par Renault aussi – parce que si certains croyaient en la thèse du complot (c’est la raison de la mésentente de Thierry Bolloré avec Nissan et la cause de sa démission), personne n’est jamais véritablement monté aux créneaux pour prendre la défense d’un simple accusé.

Dans leur tribune au Journal du Dimanche, vingt parlementaires demandent donc à ce que Carlos Ghosn soit rapatrié et « pour y être jugé dans le cadre d’un procès équitable ». Ils s’inquiètent ouvertement des conditions de détention de l’ancien patron : « les traités internationaux sur les droits de l’Homme que le Japon, pays membre du G7 a ratifié, ont été violés à plusieurs reprises ». Et pour eux, pas de doute, se joue actuellement une guerre économique sans précédent. Que la France aurait déjà perdu si elle n’est pas en mesure de répondre aux accusations par la simple voie juridique.

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