« CARESSEZ UN CERCLE, IL DEVIENDRA VICIEUX »
Le cercle, c’est la redistribution à l’infini de l’impôt, alors qu’on la croyait réservée à pourvoir à la nécessité. Mais comme « l’homme ne se nourrit pas seulement de pain », il s’en suit le clientélisme, les cajoleries aux associations, et finalement les jeux du cirque. Un cercle vicieux dont on ne sort jamais. Ainsi, après avoir tenté « d’investir » 400.000 € dans l’organisation d’un concert de David Guetta, au nom « de retombées économiques» (2), les élus marseillais ont voté une subvention de 100.000 € à l’association Lesbian et Gay Pride Marseille « qui aura en charge l’EuroPride, où sont attendues entre 350.000 et 1 million de personnes ». Cette subvention est justifiée par le fait que, selon le maire : « cette manifestation sera une bonne chose pour l’économie de la ville » (3). Le lietmotiv de la redistribution ! Toutefois, la précision était superflue, car personne n’imaginait que la promotion de la dite- association valait 100 000 €, si elle n’avait pas le moindre intérêt pour tous les Marseillais.En définitive, on caresse les associations, les cercles, les clients dans un but électoral, et l’on sombre dans l’addiction au vice de la subvention.
Addiction, en effet, Marseille participera aussi pour 230 000 € à l’organisation du concert de France 2 prévu à l’occasion de la Fête de la Musique, suscitant le quolibet du journal La Provence qui titre : « Paris se fait payer, Marseille paye » (3). Dans une chronique récente (4), nous nous rappelions qu’un foyer sur deux n’était soumis à aucun impôt, ce qui signifiait que la moitié de nos concitoyens payait les divertissements de l’autre moitié, et nous nous étonnions que, compte tenu des difficultés financières de 8 millions d’entre eux, ces sommes ne soient pas réservées à des aides ou des activités autres que ludiques, citant pour exemple les 230 millions de repas servis par les Resto du Cœur (2).Redisons-le : les contribuables ne contestent pas les impôts auxquels ils sont soumis, mais l’usage qui en est fait. Dans le contexte économique actuel, la participation des collectivités à des activités de divertissement devrait être mesurée à l’aune de leur intérêt culturel, ce dernier par exemple nous paraissant absent d’un défilé de l’EuroPride.
Nous ne nierons ni l’inégalité à laquelle ces restrictions donneraient lieu en matière d’accès à la culture, ni les éventuelles retombées économiques perdues. Mais il faut désormais choisir entre l’installation de la misère pour un nombre de plus en plus grand de nos concitoyens et l’allégresse trompeuse proposée, et accepter pour un temps d’être un pays triste afin d’éviter, aujourd’hui et surtout demain, la détresse de certains.A cet effet, nous ne saurions trop recommander aux élus de consulter, sur le site de Contribuables Associés, les informations données sur l’ampleur de la gabegie de l’Etat et des collectivités locales, et leur recommander l’achat en kiosque des « dossiers » relatifs aux « subventions aux associations ». Les sommes qui sont consacrées à des festivités sont considérables, sans être assurés qu’elles ne sont consacrées qu’à cela.
D’àprès Gabriel Levy