Bacalan story : saga d’un quartier de Bordeaux
Pourquoi story ? Parce que Bacalan, depuis ses origines, est un quartier d’étrangers. Même si aujourd’hui seuls quelques bateaux de plaisance viennent faire escale dans les bassins à flot, Bacalan reste le quartier des aventuriers, des marins et des travailleurs du port ; plus largement, il est aussi le havre des humbles, de milliers d’exilés, d’immigrés, d’ouvriers auxquels le XIXe et le XXe siècles ont donné travail, maison et fraternité en des temps et des conditions difficiles. Centre portuaire et industriel de Bordeaux jusqu’à la seconde guerre mondiale, celle-ci a scellé le destin d’un faubourg renvoyé à l’abandon et à l’isolement sur les décombres et les vestiges d’un occupant omniprésent durant quatre ans. Les cinquante dernières années ont creusé des rides profondes, usines désossées, grands bunkers aux flancs sombres, commerces à vau-l’eau, immeubles dégradés. Il y eut bien quelques sursauts ici et là, les cités Labarde, Claveau et Lumineuse ont accueilli les parents boomers dans les années soixante, mais le déclin reprit inexorablement son cours, ponctué par la destruction de la cité lumineuse en 1997. Malgré ces vicissitudes, Bacalan est un quartier habité. Ses habitants en sont la richesse ; ils ont nourri cette histoire de leurs histoires, des témoignages de leurs vies, souvent dures, parfois cruelles. Jamais ils ne se sont départis de cette joie qui cimente leur attachement à ce lieu sorti des eaux au XVIIe siècle.Ch. Cétois