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Un spectre hante la France : le spectre de l’Etat et de ses fonctionnaires



Il y avait quelque chose d’indécent, voire de scandaleux, lors des manifestations organisées par les syndicats de fonctionnaires mardi 22 mai. Non seulement les fonctionnaires français n’ont aucune raison de faire grève, mais leur situation est l’une des plus enviables parmi les pays membres de l’OCDE. Depuis le début des années 1980, leur nombre n’a cessé d’augmenter et l’Etat français est devenu aussi omnipotent qu’impuissant. La France est aujourd’hui le seul pays à ne pas avoir réformé son Etat.
Certains – comme la Suède, le Canada ou le Royaume-Uni – ont fait des réformes dans les années 1990, d’autres ont diminué le poids de l’Etat et baissé les dépenses publiques après la crise de 2008. La France n’a rien fait et ce ne sont pas les 120 000 postes de fonctionnaires (50 000 centraux et 70 000 territoriaux) qui devraient être supprimés sur la durée du quinquennat qui changeront la donne. De toute façon, cela a très mal commencé car dans le budget 2018 ne figurent que…. 1 600 suppressions de postes ! Le budget consacré à la fonction publique a été de 385 Mds d’euros en 2017 et sera de 386 Mds d’euros en 2018. Ces annonces font penser à la fameuse RGPP (Révision générale des politiques publiques) mise en place par Nicolas Sarkozy en 2008, qui devait veiller à la suppression d’un poste de fonctionnaire sur deux partant à la retraite, c’est-à-dire environ 150 000 suppressions … A la fin (2012), la masse salariale avait en fait augmenté de 1 %.
Pourtant, les arguments pour agir ne manquent pas. La France a pratiquement deux fois plus de fonctionnaires que l’Allemagne (93 pour 1 000 habitants contre 57 en Allemagne et 61 en moyenne en Europe) et 60 % des fonctionnaires allemands ont un statut de droit privé. La fonction publique hospitalière emploie 1.1 millions personnes, 21 % du total. En Allemagne, c’est 5 % du total des fonctionnaires. Sur ces 1.1 millions, 35.22 % sont des fonctionnaires non-médicaux. En Allemagne, 24 % des hospitaliers ne sont pas médicaux. Est-il normal d’avoir 1 fonctionnaire pour 20 exploitations agricoles et 16 000 fonctionnaires au ministère de l’Agriculture contre 700 en Allemagne ? Et cela continue car le dernier (2018) rapport de la Cour des comptes indique une hausse des dépenses des ministères de 4.8 % (10.6 Mds d’euros) en 2017.
Au niveau des collectivités locales, la situation est tout aussi inquiétante. Selon le rapport de la Cour des comptes 2015, entre 2008 et 2015, les effectifs des fonctionnaires territoriaux ont augmenté de 23 % et plus de 80 % des collectivités locales sont au-dessous de la durée légale de travail de 35 heures.
En plus du nombre et d’un temps de travail plus faible (35.5 heures/semaine en moyenne contre 41 heures en Allemagne), les fonctionnaires français bénéficient de salaires tout à fait corrects : 2 495 euros/mois en moyenne contre 2 225 euros/mois dans le privé. Contrairement à ce que soutiennent les syndicats et les manifestants, leur salaire n’a pas diminué car les carrières et l’avancement se font automatiquement et les primes compensent le gel du point d’indice. Ils bénéficient aussi de l’Indemnité individuelle de garantie de pouvoir d’achat instaurée en 2008, qui, comme son intitulé l’indique, garantit le pouvoir d’achat des agents. Si le traitement effectivement perçu par un agent au terme de la période a évolué moins vite que l’inflation, un montant indemnitaire brut équivalent à la perte de pouvoir d’achat ainsi constatée lui est versé.
De plus, les fonctionnaires partent à la retraite plus tôt (en moyenne à 57 ans contre 62 ans dans le privé), avec une pension calculée (75 %) sur les 6 derniers mois du salaire contre 20 ans dans le privé. Les retraites ne sont pas provisionnées (50 Mds d’euros par an en moyenne) et ce sont les contribuables qui les payent : quand un fonctionnaire verse 1 euro pour sa retraite, l’Etat, lui, en verse 9.
Il n’y a donc aucune raison de faire grève et de manifester. Les fonctionnaires français sont toujours les enfants gâtés de la République et seules de vraies réformes – privatisations, ouverture à la concurrence, suppression du statut – guériront la France.
Texte de par Nicolas Lecaussin,
Réforme des retraites: le gouvernement lance une « large consultation citoyenne »
Il s’agit de créer un système universel où un euro cotisé donne les mêmes droits », rappelle dans un communiqué le Haut commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, qui se dit « persuadé qu’un sujet d’une telle ampleur nécessite une large consultation citoyenne ».
« L’objectif » de la réforme « est d’arriver à un schéma simple: qu’il s’agisse d’un fonctionnaire, d’un salarié du privé ou d’un indépendant, s’ils gagnent la même somme d’argent pendant 40 ans, l’un et l’autre auront la même retraite ». L’âge de départ à la retraite, aujourd’hui 62 ans, « devrait être conservé ».
Nicolas Lecaussin

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