Lors de sa visite à Libreville, Emmanuel Macron a affirmé que « la France sera là, à sa juste place », saluant le tournant engagé par les nouvelles autorités gabonaises depuis le coup d’État du 30 août 2023. Philippe CHANDEZON chef d’entreprise dans l’immobilier, revient sur une rencontre qu’il juge constructive, marquée par la volonté de bâtir un partenariat équilibré, respectueux de la souveraineté gabonaise et porteur d’opportunités économiques partagées.

VDA : Monsieur CHANDEZON, vous avez suivi la visite du président Emmanuel Macron au Gabon. Comment analysez-vous cette rencontre dans le contexte politique actuel du pays ?
Philippe CHANDEZON : Cette visite s’est déroulée dans un moment charnière pour le Gabon. Depuis le coup d’État du 30 août 2023 et l’arrivée au pouvoir du général Brice Oligui Nguema, le pays s’attache à réaffirmer sa souveraineté et à redéfinir ses relations internationales. Le président Macron, en affirmant que « la France sera là, à sa juste place », a reconnu cette volonté gabonaise de tourner la page des rapports asymétriques hérités de la Françafrique. Pour les acteurs économiques comme moi, ce discours est porteur d’un nouvel équilibre, fondé sur le respect et la réciprocité.
VDA : Le président français a parlé d’un « partenariat réinventé » et « gagnant-gagnant ». Qu’en retenez-vous ?
Philippe CHANDEZON : Je retiens surtout l’idée que l’Afrique ne peut plus être considérée comme un simple réservoir de ressources. Emmanuel Macron a insisté sur la valorisation des richesses nationales, ce qui rejoint les orientations économiques du Gabon. Pour nous, entrepreneurs, cela signifie que les projets doivent désormais s’inscrire dans une logique de co-développement. Le prêt de 173 millions d’euros et la subvention de 30 millions accordés par l’Agence française de développement pour la réhabilitation du Transgabonais en sont une illustration concrète : il s’agit d’un investissement vital pour l’économie gabonaise, mais aussi stratégique pour les intérêts français, notamment dans le transport du manganèse.
VDA : Certains observateurs soulignent que la France doit désormais composer avec de nouveaux concurrents, notamment la Chine et l’Inde. Quelle est votre lecture ?
Philippe CHANDEZON : Il est indéniable que les puissances émergentes avancent leurs pions. Le Gabon, en quête de diversification et de partenaires égaux, accueille volontiers ces délégations. Pour la France, cela implique de se réinventer, de proposer une coopération qui ne soit plus perçue comme paternaliste mais comme réellement équilibrée. La création d’une académie de protection de l’environnement et des ressources naturelles au camp De Gaulle illustre cette volonté : former les forces gabonaises tout en protégeant des ressources exploitées par des entreprises françaises, c’est une manière de conjuguer intérêts partagés et responsabilité commune.
VDA : En conclusion, quel message retenez-vous de cette visite ?
Philippe CHANDEZON : Je retiens que la France a su s’aligner sur les aspirations du Gabon, en acceptant de rester « à sa juste place ». C’est une évolution majeure : le temps des relations déséquilibrées semble révolu. Pour les entrepreneurs, cette nouvelle donne ouvre des perspectives de coopération fondées sur la confiance, la transparence et le bénéfice mutuel. Cette visite, selon moi, a été réussie car elle a posé les bases d’un partenariat réinventé, capable de résister aux pressions concurrentielles et de répondre aux attentes des citoyens gabonais comme français.






