Le président béninois Patrice Talon s’est présenté devant la presse nationale et internationale pour la première fois depuis la tentative de putsch du 7 décembre 2025 et la promulgation de la nouvelle Constitution. Pendant près de deux heures, le chef de l’État a répondu aux questions des journalistes, levant le voile sur les zones d’ombre qui entouraient encore ces deux événements majeurs de la vie politique béninoise.
Un putsch déjoué, mais des mutins toujours en fuite
Le 7 décembre, un groupe de militaires avait annoncé à la télévision nationale avoir destitué le président Talon. Le coup de force a été rapidement neutralisé par l’armée béninoise, appuyée par le Nigeria et la France, mais plusieurs mutins ont réussi à prendre la fuite, dont leur chef, le lieutenant-colonel Pascal Tigri.
Lors de sa conférence de presse, Patrice Talon a confirmé qu’un mandat d’arrêt international avait été émis contre les principaux instigateurs. Il a également tenu à écarter toute implication de la Garde nationale, évoquant plutôt des « actes isolés » commis par des individus « manipulés ».
Une trentaine de personnes écrouées
Selon les autorités, une trentaine de personnes — majoritairement des militaires — ont été présentées au procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) avant d’être placées sous mandat de dépôt. Le gouvernement a qualifié la mutinerie d’« aventure » menée par des acteurs marginaux, tout en assurant que la situation était désormais « totalement sous contrôle »Radio France Internationale.
Une Constitution révisée au cœur des débats
La conférence de presse intervenait également au lendemain de la promulgation de la nouvelle Constitution, révisée et votée par les députés le 14 novembre 2025. Cette réforme, qui introduit notamment le septennat présidentiel et la création d’un Sénat, a suscité de nombreuses interrogations. Patrice Talon a défendu une révision « nécessaire » pour moderniser les institutions et renforcer la stabilité politique du pays.
Un exercice de transparence salué et critiqué
La prise de parole du chef de l’État a été diversement accueillie. Certains saluent un exercice de pédagogie et de transparence, tandis que d’autres jugent la sortie médiatique tardive ou inopportune dans un contexte encore sensible.
Pour Patrice Talon, il s’agissait avant tout de rassurer l’opinion publique et de réaffirmer la solidité des institutions béninoises. « Je vais bien, même si mon moral a pris un petit coup », a-t-il confié, évoquant l’impact émotionnel des événements récents.
Un pays en quête d’apaisement
Onze jours après la tentative de déstabilisation, le Bénin cherche à tourner la page. Le président Talon a réuni un Conseil extraordinaire des ministres élargi à la hiérarchie militaire et policière afin de renforcer la coordination sécuritaire et prévenir toute nouvelle tentative de déstabilisation.
La conférence de presse marque une étape importante dans cette stratégie d’apaisement, alors que les enquêtes se poursuivent et que la nouvelle architecture institutionnelle entre progressivement en vigueur.
