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Sécuriser l’espace numérique ? La loi SREN fragilise les travailleuses du sexe

L’adoption récente de la loi SREN (Sécuriser et Réguler l’Espace Numérique), censée « sécuriser et réguler l’espace numérique », a bouleversé l’économie fragile des travailleuses du sexe en ligne. En quelques mois, nombre d’entre elles ont vu leurs revenus chuter, victimes collatérales d’un dispositif législatif qui prétend protéger mais qui, dans les faits, marginalise et fragilise davantage.

En imposant aux consommateurs de contenus pornographiques de nouvelles obligations d’authentification et de traçabilité, la loi SREN a introduit une suspicion généralisée. Craignant pour leur anonymat, beaucoup se détournent des plateformes légales de pornographie en ligne. Les travailleuses du sexe, qui dépendent de ces espaces pour diffuser leurs productions, se retrouvent privées de ressources. La régulation, loin de sécuriser, précarise.

Ce dispositif, présenté comme une avancée morale, engendre un effet pervers : il pousse les consommateurs vers des sites pornographiques illégaux, souvent hébergés à l’étranger, échappant à tout contrôle. Les travailleuses du sexe, elles, sont contraintes de migrer vers des plateformes clandestines, où l’exploitation et l’absence de protection juridique deviennent la norme. Ainsi, une loi censée protéger les plus vulnérables contribue à renforcer les réseaux illégaux.

La loi SREN illustre une hypocrisie persistante : afficher une volonté de moraliser le numérique tout en refusant de reconnaître le travail du sexe comme une activité légitime. En invisibilisant les travailleuses du sexe, en les privant de revenus et de visibilité, l’État renforce leur vulnérabilité. Ce choix politique ne protège pas les mineurs, il stigmatise les adultes qui vivent de leur activité.

La lutte contre l’exploitation sexuelle et la protection des mineurs sont des objectifs légitimes. Mais ils ne sauraient se traduire par des mesures qui mettent en danger celles et ceux qui travaillent légalement. Une régulation efficace devrait cibler les plateformes illégales, garantir des droits sociaux aux travailleuses du sexe et reconnaître leur activité comme un travail à part entière.

La loi SREN, en l’état, ne sécurise pas l’espace numérique : elle précarise davantage celles qui y vivent. Derrière les discours de protection, c’est une réalité brutale qui s’impose : les travailleuses du sexe paient le prix fort d’une politique qui refuse de les voir et qui, sous couvert de régulation, perpétue leur marginalisation.

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