Origines et traditions
Les Juifs igbos forment une communauté du Nigeria qui revendique une ancienne filiation avec le peuple d’Israël. Leur tradition orale raconte une migration venue d’Égypte ou d’Afrique du Nord. Selon ces récits, cette installation en Afrique de l’Ouest remonterait à plus de quinze siècles. Ces histoires jouent un rôle essentiel dans la construction de leur identité. Elles les distinguent aussi des mouvements de judaïsme messianique présents dans le pays.
Une communauté active au Nigeria
Aujourd’hui, la communauté compte environ 40 000 membres. Elle dispose de vingt‑six synagogues réparties dans plusieurs régions du pays. Abuja et Port Harcourt sont les centres les plus importants. Depuis les années 1990, le rabbin Howard Gorin accompagne ces groupes. Il les aide à structurer leur pratique religieuse et à renforcer leurs liens avec le judaïsme mondial.
Un héritage ancien et discuté
Les Juifs igbos affirment descendre des tribus de Gad, Zabulon et Manassé. Certaines familles se disent issues des Cohanim ou des Lévites, les anciennes lignées sacerdotales d’Israël. Ces affirmations restent difficiles à prouver. Elles n’en demeurent pas moins un élément central de leur mémoire collective. Les chercheurs comparent souvent les Igbo à d’autres communautés juives africaines, comme les Lémba d’Afrique australe ou les Beta Israël d’Éthiopie. Ces comparaisons montrent la diversité des formes du judaïsme sur le continent.
Reconnaissance internationale
Entre 1995 et 1997, le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin envoya une mission au Nigeria. L’objectif était d’étudier la possibilité que les Igbo soient liés aux tribus perdues d’Israël. Cette visite attira l’attention de nombreuses organisations juives. Elles envoyèrent des livres, des objets rituels et du matériel éducatif. Cependant, l’État d’Israël n’a jamais reconnu officiellement les Igbo comme une tribu perdue. La communauté reste donc dans une position intermédiaire : respectée, mais sans statut religieux clair.
Pratiques religieuses
Les Juifs igbos suivent plusieurs rites du judaïsme rabbinique. Ils pratiquent la circoncision au huitième jour. Ils respectent les lois alimentaires. Ils portent la kippa et le talit. Ils célèbrent les grandes fêtes juives : Roch Hachana, Yom Kippour, Hanoucca et Pourim. La langue ibo reste leur langue quotidienne. L’hébreu est utilisé pour la prière et les textes sacrés.
Une identité en mouvement
Les Juifs igbos occupent une place unique dans le paysage religieux africain. Leur histoire interroge les frontières de l’identité juive. Elle éclaire aussi les dynamiques de la diaspora et la manière dont les peuples transmettent leur mémoire. Leur parcours montre comment une communauté peut préserver sa tradition tout en vivant au cœur d’un pays en pleine transformation.





