Léo a 30 ans, cadre supérieur de la fonction publique. Leïla en a 52, cheffe de projet dans une start-up française spécialisée dans les nanotechnologies. Ils ne se connaissent pas, ne vivent pas dans la même ville, ne fréquentent pas les mêmes cercles et n’ont pas les mêmes centres d’intérêt. Tout semble les opposer. Pourtant, tous deux ont été ciblés par un service de renseignement étranger via le même message reçu sur LinkedIn.
Une menace révélée dès 2018
Agents publics, parlementaires, chercheurs, professionnels de l’innovation ou du commerce, doctorants… des milliers de Français sont concernés. Depuis 2018, date à laquelle Le Figaro avait révélé ces pratiques, les campagnes d’approche n’ont pas cessé. Au contraire, elles se sont intensifiées.
Des approches séduisantes mais piégeuses
Le scénario est bien rodé. La cible reçoit un message d’un prétendu représentant de think tank, cabinet de conseil ou chasseur de têtes. L’échange se poursuit sur Skype ou WhatsApp, souvent en audio uniquement. L’interlocuteur explique rechercher des experts capables de rédiger des notes d’analyse ou de participer à des tables rondes pour des clients dont l’identité reste floue. Les thèmes abordés sont volontairement vagues – relations internationales, géopolitique, commerce – et les rémunérations proposées particulièrement attractives : plusieurs centaines d’euros pour quelques pages.
L’engrenage de la compromission
Une fois la cible séduite, les espions sous couverture la félicitent pour la qualité de son travail et l’encouragent à poursuivre. Progressivement, les demandes deviennent plus précises : sourcing d’informations, recours à des contacts professionnels, collecte de données sensibles. Pris dans cet engrenage, l’expert en vient à transmettre des informations confidentielles, voire classifiées. Flatté et piégé par l’argent facile, il prend alors le risque de se compromettre.
Une vigilance indispensable
Ces campagnes insidieuses reposent sur la flatterie, l’appât du gain et la manipulation psychologique. Les espions changent régulièrement de pseudonymes et de sociétés-écrans pour brouiller les pistes. La DGSI appelle à la vigilance : toute personne recevant ce type de message doit le signaler. Car seule une mobilisation collective permettra de contrer ces offensives numériques.






