La 2ᵉ conférence internationale sur l’Alliance mondiale de lutte contre le trafic de migrants s’est ouverte ce mercredi à Bruxelles. Les responsables politiques et institutionnels ont multiplié les déclarations de fermeté, promettant une coopération renforcée pour démanteler les réseaux criminels transnationaux. Mais derrière les discours, une évidence s’impose : ces sommets ressemblent de plus en plus à des vitrines diplomatiques, incapables de répondre aux causes profondes des migrations.
Le trafic de migrants prospère parce que les politiques migratoires européennes ferment les portes légales. En verrouillant les frontières, l’Union européenne alimente paradoxalement les filières clandestines qu’elle prétend combattre. Les passeurs ne créent pas la demande : ils exploitent le vide laissé par des États qui refusent d’offrir des voies sûres et légales de migration. Bruxelles dénonce les criminels, mais continue de nourrir leur marché.
La participation de plusieurs pays africains, dont la Côte d’Ivoire, illustre une volonté d’agir. Mais ces États, sommés de retenir leurs citoyens, sont pris dans une contradiction intenable : comment empêcher les départs quand pauvreté, chômage et instabilité politique poussent les jeunes à partir ? Sans politiques de développement et sans protection réelle des droits humains, la lutte contre le trafic n’est qu’un slogan.
Le sommet met en avant la « protection des victimes » et la « coopération judiciaire ». Mais ces promesses sonnent creux face aux réalités : migrants abandonnés dans le désert, noyés en Méditerranée, enfermés dans des centres de rétention. Les victimes ne sont pas protégées, elles sont criminalisées.
Cette conférence révèle une hypocrisie persistante : afficher une volonté humanitaire tout en renforçant une logique sécuritaire. Tant que les États privilégieront le contrôle des frontières au détriment de la dignité humaine, les trafiquants auront toujours un terrain fertile.
En définitive, Bruxelles offre une tribune internationale, mais les résultats concrets restent invisibles. Les alliances mondiales ne suffisent pas. Ce qu’il faut, ce sont des politiques courageuses : ouvrir des voies légales de migration, investir dans les pays d’origine, et placer les droits humains au centre. Sans cela, ces conférences ne seront que des rituels diplomatiques, tandis que les migrants continueront de payer le prix fort, parfois de leur vie.






